Des sacs de riz s’empilent devant des regards épuisés. À Kisangani, où des milliers de déplacés de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu survivent dans un dénuement extrême, la distribution symbolique de vivres et de kits non alimentaires par le gouvernement émirati a suscité un rare moment d’espoir. « Quand nos enfants pleurent de faim la nuit, chaque sac de farine devient une bénédiction », confie Mukendi, père de cinq enfants, les mains tremblantes en recevant son allocation.
Mardi 29 juillet, la ministre Nathalie Aziza Munana a personnellement supervisé cette opération humanitaire cruciale pour les déplacés de l’Est de la RDC regroupés dans la région de Kisangani. Dans un discours percutant, elle a directement lié cette aide des Émirats Arabes Unis aux récents succès diplomatiques du président Tshisekedi : « La diplomatie vient de faire taire les armes parce que nous avons des partenaires qui croient en notre vision. Les Émirats Arabes Unis ont répondu présent à l’appel de la RDC. »
Sur place, Ahmad Kisesa Abou Bilal, assistant de l’ambassadeur émirati, n’a pu cacher son émotion devant la détresse des familles. « Ces femmes portant des bébés amaigris m’ont transpercé le cœur », avoue-t-il, promettant de plaider pour un renforcement de la coopération bilatérale RDC-Émirats. Une annonce vitale alors que plus de 17 000 ménages, fuyant notamment les conflits Mbole-Lengola, survivent dans des camps surpeuplés en attendant un retour hypothétique.
« Avec ce geste des EAU, nous espérons multiplier nos actions par le truchement du ministère des Affaires sociales dans le cadre de notre partenariat solide » – Ahmad Kisesa Abou Bilal
Mais cette aide humanitaire aux déplacés de Kisangani soulève des questions cruciales : jusqu’où peut aller la solidarité internationale face à l’hémorragie des déplacements forcés ? Si les sacs de nourriture apaisent les estomacs aujourd’hui, que restera-t-il demain quand les camions seront repartis ? La présence de la ministre Munana sur le terrain témoigne d’une prise de conscience gouvernementale, mais les racines du mal – les conflits armés chroniques dans l’Est – persistent.
Alors que les bénéficiaires déchirent fébrilement les emballages des kits d’hygiène, une mère du territoire de Djugu, les yeux rivés sur l’horizon, murmure : « Cette farine nous sauve aujourd’hui, mais notre vrai besoin, c’est la paix qui nous permettra de retrouver nos champs. » Un cri du cœur qui résume le défi colossal de la RDC : transformer l’élan humanitaire en stabilisation durable. La route reste longue, mais à Kisangani, les sacs de riz des Émirats portent l’espoir ténu que la diplomatie peut parfois l’emporter sur les kalachnikovs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net