Une délégation de sénateurs en vacances parlementaires a effectué une mission d’évaluation dans la province de la Tshopo du 22 au 26 juillet 2025. Menée par Madeleine Nikomba, présidente de la commission Infrastructures du Sénat et élue locale, cette tournée visait à examiner l’état d’avancement des projets de développement financés par le gouvernement central. Accompagnée de Jean-Paul Boketchu (Équateur), Cathy Botema et Bienvenu Essimba (Tshuapa), la délégation sénateurs Tshopo a démontré l’exercice concret du mandat parlementaire national.
Les élus ont parcouru quatre sites stratégiques, dont une coopérative de cacao symbolisant le potentiel agricole régional et un ambitieux projet d’électrification de la province orientale. Mais c’est la modernisation des routes RDC qui a capté l’attention principale. Jean-Paul Boketchu n’a pas caché son enthousiasme : « Kisangani est désormais une ville en chantier, avec plus de 80 mètres de routes en construction ou réhabilitation. Ce qui se fait ici est une première depuis l’indépendance : des artères de 7 à 24 mètres de large, assainies et dotées d’éclairage public ».
Le laboratoire biomédical Tshopo, autre fleuron visité, incarne selon les sénateurs la nouvelle approche des infrastructures prioritaires. Financé par Kinshasa, ce centre spécialisé pourrait transformer la prise en charge sanitaire dans l’Est du pays. « Ces réalisations ne sont pas que du béton », a souligné Madeleine Nikomba lors du point de presse final. « Après six mois de travaux, on observe déjà des impacts concrets : amélioration des conditions de vie, création d’emplois jeunes et fluidification de la mobilité urbaine ».
Cette satisfaction affichée cache-t-elle pour autant une stratégie politique plus large ? Les sénateurs ont en effet lancé un appel clair au gouvernement : répliquer ce modèle dans toutes les provinces. Un plaidoyer qui interroge sur la capacité réelle de l’État à généraliser ces chantiers ambitieux. La délégation a insisté sur la nécessité d’une appropriation citoyenne, mais reste muette sur les mécanismes de financement futurs. Kisangani servira-t-elle de vitrine pour un plan national ou restera-t-elle une exception ?
Les déclarations optimistes ne sauraient occulter les défis persistants. Si les sénateurs saluent une « révolution infrastructurelle », ils évitent soigneusement de s’aventurer sur les dossiers épineux : maintenance à long terme, coordination interprovinciale et contrôle des fonds publics. L’électrification de la province orientale, bien qu’évoquée, manque encore de détails concrets sur son calendrier et sa couverture réelle. Un silence qui pourrait résonner comme un avertissement discret aux autorités.
Cette visite révèle surtout un changement de paradigme dans la gouvernance congolaise : le parlement sort de sa torpeur institutionnelle pour exercer son rôle de contrôle. Reste à savoir si ce volontarisme affiché survivra à la rentrée parlementaire. Les projets développement Kisangani deviendront-ils la norme ou une habile démonstration de circonstance ? La balle est désormais dans le camp de l’exécutif, sommé de transformer l’essai dans un pays où les promesses infrastructurelles ont souvent buté sur les réalités budgétaires.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net