Alors que les universités congolaises peinent depuis des décennies à assurer leur fonctionnement, une réforme majeure vient d’être adoptée lors du Conseil des ministres du 25 juillet 2025. Présenté par la ministre Safi Sombo Ayane Marie Thérèse, ce décret sur l’auto financement des universités en RDC pourrait bien transformer radicalement le paysage de l’enseignement supérieur.
Comment concilier indépendance financière et missions académiques ? Le texte adopté fixe un cadre permettant aux établissements de « disposer de ressources financières suffisantes », selon les termes officiels. L’objectif affiché est ambitieux : former des ressources humaines capables de soutenir l’industrialisation du pays tout en répondant aux besoins criants des secteurs public et privé.
Cette annonce intervient dans un contexte de restructuration en profondeur du troisième cycle universitaire. La ministre vient en effet de présenter une réforme des écoles doctorales au Congo, fruit d’une large concertation. Finis les troisièmes cycles traditionnels, place désormais aux Écoles Doctorales seules habilitées à délivrer des formations doctorales. Seules les universités accréditées pourront en créer, avec des critères d’agrément sensiblement renforcés.
Mais pourquoi cette double réforme simultanée ? Les observateurs y voient une tentative de régler deux problèmes structurels : le sous-financement chronique et la crédibilité entamée des diplômes supérieurs. « Ces innovations majeures visent à mettre fin aux graves dysfonctionnements qui minent nos formations doctorales », peut-on lire dans le compte-rendu ministériel.
Le décret sur le financement des universités au Congo suscite cependant des interrogations. Quels mécanismes concrets permettront aux universités de générer leurs propres revenus ? S’agira-t-il de partenariats industriels, de valorisation de la recherche, ou d’une modulation des frais académiques ? Le gouvernement devra préciser ces modalités sensibles dans les prochaines semaines.
Quant à la restructuration du troisième cycle en RDC, elle impose un sévère resserrement des conditions d’accès. Les écoles doctorales devront désormais répondre à des standards qualité exigeants, une révolution dans un système universitaire où la prolifération d’établissements aux formations douteuses avait fini par discréditer l’ensemble du secteur.
Cette réforme des écoles doctorales au Congo représente-t-elle une chance pour la recherche scientifique congolaise ? Sans aucun doute, si l’on en croit le ministère qui promet des formations « de qualité » délivrant des compétences immédiatement opérationnelles. Mais sa réussite dépendra étroitement de la mise en œuvre effective du décret sur l’auto financement. Comment former des docteurs compétitifs sans laboratoires équipés ou bibliothèques actualisées ?
Ces deux chantiers parallèles illustrent la volonté affichée des autorités de faire de l’enseignement supérieur un levier de développement. Reste à savoir si cette ambition pourra se concrétiser dans un contexte économique difficile. La crédibilité du système universitaire congolais se jouera sur sa capacité à transformer ces textes en réalités tangibles.
Alors que la RDC cherche sa voie vers l’émergence, la qualité de ses formations supérieures constituera un enjeu stratégique. Ces réformes marquent-elles le début d’une nouvelle ère pour l’université congolaise ? La réponse viendra des prochaines rentrées académiques et de la manière dont ces dispositions seront appliquées sur le terrain.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd