Dans un revirement inattendu, les épreuves des examens d’État se déroulent sans entrave cette semaine dans les territoires de Masisi et Rutshuru. Comment expliquer ce soudain changement de cap des enseignants, pourtant en grève depuis des semaines ? La réponse se niche dans une promesse de la Caritas, l’agent payeur du secteur éducatif, qui s’est engagée à débloquer les salaires impayés depuis six mois.
« Le dévouement et la vocation nous obligent », confie Bandu Bauma Exaucé, porte-parole des enseignants, soulignant le dilemme cornélien auquel faisaient face les éducateurs. « La Caritas nous a confirmé que l’IFOD alimentera les comptes pour le paiement dès cette semaine. Face à cette assurance, notre patriotisme nous commandait de reprendre le service ».
Sur le terrain, la mobilisation est effective : inspecteurs et enseignants ont rejoint leurs postes dans les centres d’examen. Un retour au travail salvateur pour des milliers de finalistes dont l’avenir scolaire était compromis par ce mouvement de protestation contre les arriérés salariaux en RDC. Mais derrière cette accalmie, une question cruciale persiste : le gouvernement parviendra-t-il à contraindre l’IFOD, accusé de bloquer les fonds destinés aux salaires ?
Dans certaines zones de Masisi, l’instabilité sécuritaire a nécessité des mesures exceptionnelles. Plusieurs centres d’examen, comme celui de Bukombo, ont été délocalisés vers des sites plus sûrs tels que Nyabiondo centre. Cette réorganisation témoigne des défis logistiques que doit surmonter l’éducation dans cette région en proie aux tensions.
Alors que les élèves planchent sur leurs copies, les enseignants gardent un œil vigilant sur les comptes bancaires. « Nous recommandons au gouvernement de s’impliquer personnellement dans ce dossier », insiste Bandu Bauma. Si la Caritas tient parole, cette crise des arriérés de salaire pourrait trouver une issue positive. Mais dans l’attente des premiers virements, la confiance reste mesurée parmi un corps enseignant épuisé par des mois de vaches maigres.
Cette fragile résolution illustre les tensions chroniques qui traversent le système éducatif congolais, où la persévérance des enseignants compense souvent les défaillances administratives. Alors que la session des examens d’État Nord-Kivu touche à sa fin, tous les regards se tournent désormais vers les services de l’IFOD. La crédibilité future des engagements institutionnels en dépend.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net