L’air vibrait d’une énergie crépusculaire ce vendredi 25 juillet au Centre Culturel Mont des Arts, où les battements de cœur de la scène chorégraphique congolaise ont retrouvé leur cadence. Le concours Etumba One Style Afro Danse, ce phare culturel qui marie l’urbain au traditionnel, a officiellement rouvert ses portes pour une quatrième édition prometteuse. Après une année blanche imposée par les contingences matérielles et financières, ce retour s’annonce comme une résurrection artistique. « On voulait revenir avec quelque chose de plus fort, un vrai plus », confie Ritha Mangidula, manager générale, dont la voix portait la ferveur d’une prêtresse célébrant un rituel retrouvé.
Quelle alchimie définit donc cette Afro danse qui captive Kinshasa ? Jackson Lohanga, directeur artistique, en dévoile l’essence : « C’est un style qui réunit plusieurs traditions africaines pour raconter une histoire avec un rythme vibrant. Une fusion de pas ancestraux créant un langage corporel unique ». Cette année, vingt-cinq groupes tenteront d’incarner cette philosophie, tous départagés sur un pied d’égalité absolue. « Aucun favori ! », martèle Mangidula, soulignant que l’objectif transcende la compétition : valoriser les danseurs, ramener les artistes face au grand public, et surtout vendre l’image de l’Afro danse comme patrimoine vivant.
L’innovation majeure de cette édition réside dans sa rupture spatiale. Beni Budimbu, manager adjoint, dévoile un dispositif audacieux : les huitièmes et quarts de finale investiront le terrain Nkaka à Kalamu, transformant l’espace public en cathédrale éphémère de mouvements. « Une façon de rendre la compétition plus visible et accessible », explique-t-il, tandis que les demi-finales migreront vers le Centre culturel congolais le Zoo. La cagnotte record de 1 600 000 FC sonne comme un défi lancé aux pieds des compétiteurs, symbole tangible de la professionnalisation croissante de la discipline.
Le calendrier épouse désormais le rythme effréné de la métropole : les 1er et 9 août pour les phases éliminatoires, le 16 pour les demi-finales, avant l’apothéose du 30 août. Cette délocalisation partielle vers Kalamu n’est-elle pas un acte politique ? Une manière d’ancrer l’événement culturel Congo dans le quotidien des riverains, loin des sanctuaires culturels traditionnels. Les vibrations des pas sur la terre battue du terrain Nkaka résonneront comme un manifeste : la danse n’appartient pas qu’aux scènes closes, elle vit et pulse dans l’espace public.
Après les éditions 2021, 2022 et 2023, ce festival afro danse RDC renaît donc avec l’ambition de consolider l’écosystème artistique local. Jackson Lohanga y voit une mission vitale : « Contribuer à ce que les artistes soient visibles, reconnus, et puissent vivre de leur métier ». Dans cette quatrième mouture, Etumba One Style ne se contente pas de célébrer la danse urbaine traditionnelle – il en réinvente la diffusion, transformant chaque quartier en scène potentielle. Kinshasa retient son souffle devant cette promesse : voir éclore, au coin d’une rue, la prochaine étoile chorégraphique du continent.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd