L’alerte est lancée depuis le cœur sanglant de l’Ituri. Le député national Gratien Iracan a interpellé le Président Félix Tshisekedi dans une missive cinglante, décrivant une crise sécuritaire ituri qui tourne au carnage dans le territoire de Djugu. Face à l’escalade des violences djugu, l’élu pointe du doigt l’immobilisme toxique du gouverneur militaire Johnny Luboya Nkanshama, dont le maintien en poste « ne fait que creuser la méfiance des populations envers l’État ».
La gratien iracan lettre, document accablant obtenu par Congo Quotidien, ne se contente pas de dresser un constat macabre – au moins 13 civils tués en huit jours selon la société civile locale. Elle dénonce une inertie administrative coupable face aux pillages systématiques, aux villages réduits en cendres à Gina, Nizi, Koko et Limani, sans oublier les attaques contre les lieux de culte et les rançonnements sur la RN27. Dans ce contexte, la demande centrale du parlementaire résonne comme un ultimatum : un gouverneur militaire rappel immédiat à Kinshasa pour « consultation urgente ».
« Le silence assourdissant et l’inaction du gouverneur Luboya équivalent à une capitulation face à l’anarchie », pourrait-on déduire de cette charge sans concession. Iracan va plus loin, soupçonnant une déliquescence dangereuse des institutions : des éléments des FARDC seraient, selon des sources locales, en collusion ouverte avec les groupes armés qui sèment la terreur. Cette accusation voilée d’impunité institutionnalisée donne une dimension politique explosive à la crise.
Face à ce naufrage sécuritaire, le député formule trois exigences précises : outre le rappel du gouverneur, il réclame l’ouverture d’une enquête administrative de haut niveau pour établir les responsabilités dans la dégradation de la situation, et le déploiement temporaire d’un délégué spécial « neutre » – civil ou militaire – chargé de reconstruire un pont de confiance avec les communautés meurtries. « Nous faisons appel à votre leadership pour réaffirmer l’autorité de l’État dans cette province martyrisée », plaide-t-il, dans un appel direct au chef de l’État.
La balle est désormais dans le camp de Félix Tshisekedi. Cette interpellation soulève des questions cruciales : jusqu’à quand l’exécutif tolérera-t-il des représentants de l’État dont l’inaction alimente directement l’insécurité ? Le tshisekedi intervention ituri sera-t-elle à la hauteur de l’urgence décrite ? Car derrière la technicité des demandes formulées, c’est la crédibilité même de l’autorité centrale qui se joue dans l’Ituri en feu. Le président parviendra-t-il à désamorcer cette bombe politique tout en stoppant l’hémorragie sécuritaire ? L’heure n’est plus aux diagnostics, mais aux actes qui empêcheront que Djugu ne devienne le symbole d’un État fantôme.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd