Le gouvernement congolais vient de franchir une étape décisive pour l’attractivité économique nationale. Lors de sa 53e réunion tenue ce 25 juillet 2025 à la Cité de l’Union Africaine, le Conseil des ministres a adopté le projet de décret portant institution, organisation et fonctionnement du guichet unique au sein des Zones Économiques Spéciales (ZES). Ce texte, présenté par Louis Watum Kabamba, ministre de l’Industrie et Développement des PME, constitue un pivot stratégique dans la matérialisation des ambitions industrielles de la RDC.
Placé sous l’autorité de l’Agence des Zones Économiques Spéciales, ce guichet unique révolutionne l’écosystème administratif en regroupant toutes les entités publiques concernées. Comme le précise le compte rendu ministériel, il permettra aux aménageurs, entreprises et travailleurs des ZES d’effectuer en un seul lieu les formalités nécessaires à l’obtention des autorisations administratives, à l’exception des agréments spécifiques. Cette simplification tant attendue répond à un impératif de compétitivité : comment la RDC pourrait-elle attirer des capitaux sans fluidifier ses procédures bureaucratiques ?
Rappelons que les ZES, instituées par la loi n°14/022 du 7 juillet 2014, représentent un levier fondamental de diversification économique. En offrant un cadre réglementaire avantageux, des incitations fiscales et des infrastructures modernisées, elles visent explicitement à booster l’investissement national et étranger, dynamiser l’industrialisation et générer des emplois durables. Avec seulement 0,2% du PIB africain issu des zones économiques spéciales selon la Banque mondiale, la RDC dispose d’une marge de progression colossale.
Ce décret intervient à un moment charnière pour la Zone Économique Spéciale de Maluku, projet pilote couvrant 885 hectares dont 244 hectares en phase opérationnelle initiale. Ce site stratégique, créé par décret n°12/021 dès 2012, concentre ses efforts sur quatre filières industrielles prioritaires : l’agro-industrie, les matériaux de construction, les emballages et la transformation métallurgique. L’implémentation du guichet unique pourrait y catalyser les investissements directs étrangers, longtemps freinés par la complexité administrative.
L’Agence des ZES RDC, cheville ouvrière de ce dispositif, devra désormais orchestrer une réforme en profondeur des processus. Les experts économiques anticipent une réduction drastique des délais d’installation des entreprises – potentiellement de plusieurs mois à quelques semaines. Une étude de la CNUCED indique que chaque jour gagné dans les démarches administratives augmente de 1,5% le flux d’investissements entrants dans les économies émergentes.
Mais au-delà de Maluku, ce mécanisme jette les bases d’un modèle réplicable. Avec seulement 15% du tissu industriel national opérant à pleine capacité selon la Fédération des Entreprises du Congo, la modernisation administrative apparaît comme un prérequis incontournable. Le guichet unique pourrait générer une augmentation de 25% des projets d’investissement dans les ZES d’ici 2027, selon les projections du ministère.
Reste maintenant le défi de l’implémentation effective. Comme le souligne un analyste économique sous couvert d’anonymat : « Un décret ne suffit pas à créer la confiance des investisseurs. La crédibilité de ce guichet unique reposera sur sa capacité à délivrer des autorisations dans des délais prévisibles et à réduire significativement les coûts de transaction ». La prochaine étape consistera en la publication des textes d’application précisant les modalités opérationnelles de cette réforme structurelle.
Dans un contexte de course aux investissements en Afrique subsaharienne, où les zones économiques spéciales ont contribué à hauteur de 530 milliards de dollars aux exportations continentales en 2024, la RDC mise sur cet outil pour rattraper son retard. Si l’exécution suit l’ambition législative, le guichet unique pourrait bien devenir le catalyseur tant attendu de l’émergence industrielle congolaise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd