La nuit du vendredi 25 au samedi 26 juillet a plongé Beni dans une stupeur glaçante. Dans le silence de sa chambre, le corps sans vie de Patient Kininga, coordonnateur adjoint de la communication du gouvernorat militaire du Nord-Kivu, a été découvert. Qui aurait pu imaginer que ce cadre influent, habitué à relayer l’information officielle, deviendrait soudain le sujet d’un communiqué funèbre ? « C’est avec un profond regret que nous annonçons ce décès », a confirmé la cellule de communication provincial dans un texte laconique, promettant des précisions ultérieures sur les obsèques. Mais pour l’heure, aucune explication n’éclaire cette disparition brutale.
Comment comprendre qu’un responsable de cette envergure puisse être retrouvé mort sans qu’aucun détail ne filtre ? Les autorités locales, visiblement prises de court, n’ont fourni aucune piste sur les causes possibles. Ce mutisme résonne étrangement dans une région minée par l’insécurité chronique. La découverte macabre s’est produite en plein cœur de Beni, ville éprouvée par des années de conflits armés, où chaque décès suspect ravive les traumatismes collectifs. Kininga incarnait pourtant la voix institutionnelle dans ce territoire en crise. Son rôle crucial de relais entre l’administration et la population ajoute une dimension troublante à ce drame.
Ce décès mystérieux à Beni n’est malheureusement pas un cas isolé au Nord-Kivu. Il résonne comme un écho sinistre avec celui du commissaire supérieur Lumbu Célestin, retrouvé mort dans sa chambre à Goma le 23 mai dernier. À l’époque, des sources anonymes avaient évoqué une piste suicidaire, mais l’enquête semble s’être enlisée dans les mêmes zones d’ombre. Deux cadres provinciaux, deux morts solitaires dans leur domicile, deux affaires non élucidées. Simple coïncidence ou symptôme d’un malaise plus profond ? Les rumeurs circulent déjà dans les ruelles de Goma et Beni, tandis que les familles des victimes attendent désespérément des réponses.
Face à ce nouvel événement tragique, la pression monte pour qu’une enquête approfondie soit ouverte. « Les autorités compétentes pourraient envisager des investigations », glisse-t-on prudemment dans l’entourage du gouvernorat. Mais les habitants du Nord-Kivu, habitués aux promesses non tenues, restent sceptiques. Combien de dossiers sensibles ont été classés sans suite dans cette province ? La crédibilité des institutions est en jeu, d’autant que ces morts inexpliquées surviennent dans un contexte sécuritaire déjà délétère. Les travailleurs de l’administration provinciale observent désormais avec anxiété ces disparitions successives. Se sentent-ils encore en sécurité dans leurs propres bureaux et logements ?
Derrière le deuil personnel, c’est toute une mécanique sociale qui semble grippée. La disparition brutale de Patient Kininga pose une question cruciale : jusqu’où l’opacité peut-elle entamer la confiance des citoyens envers leurs dirigeants ? Alors que Beni pleure l’un de ses cadres, l’exigence de transparence devient un enjeu démocratique vital pour cette région meurtrie. Le prochain communiqué du gouvernorat sera scruté à la loupe : contiendra-t-il enfin des éclaircissements ou ajoutera-t-il simplement une nouvelle couche au mystère ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
