La prison centrale de Bunia, en province de l’Ituri, a opéré une mutation spectaculaire de ses conditions carcérales, marquée par un renforcement sans précédent des dispositifs sécuritaires et une humanisation notable du cadre de vie des personnes détenues. Ces transformations substantielles, constatées lors d’une visite récente, résultent directement du soutien multiforme apporté par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), comme l’a confirmé le directeur de l’établissement pénitentiaire, Camille Zonzi.
Le point de bascule remonte à 2018, lorsque la construction de nouveaux murs périmétriques, financée par la MONUSCO, a modifié radicalement le climat carcéral. Cette intervention a mis un terme aux épisodes dramatiques d’évasion qui paralysaient l’institution. « Durant les années 2016-2017, notre établissement subissait des évasions massives récurrentes, mettant en péril la sécurité publique régionale », a rappelé le directeur Zonzi lors d’un entretien accordé à Radio Okapi. La sécurisation des lieux constitue désormais un modèle en matière de réforme carcérale en RDC.
L’établissement dispose aujourd’hui d’un arsenal technologique sophistiqué comprenant des caméras de surveillance à couverture intégrale, des drones de monitoring aérien, des détecteurs de métaux et des miroirs d’inspection. Ces équipements, déployés grâce à l’appui technique de la MONUSCO, ont permis une réduction de près de 95% des tentatives d’évasion selon les registres pénitentiaires. Parallèlement, les conditions de travail des agents pénitentiaires se sont améliorées, mettant fin à des situations où les gardiens se trouvaient régulièrement dépassés par l’insécurité chronique.
L’humanisation des conditions de détention à Bunia se manifeste particulièrement par la création d’espaces spécialisés répondant aux standards internationaux. Un quartier exclusivement réservé aux femmes détenues a été inauguré, tandis qu’un pavillon médical dédié aux personnes malades est désormais opérationnel. Des travaux sont en cours pour l’édification d’une section autonome pour les mineurs, complétant ainsi cette modernisation globale. « L’impact positif de ces infrastructures sur le moral et la réinsertion des détenus est déjà mesurable », a souligné le directeur Zonzi, insistant sur la transformation profonde engagée.
Cette amélioration tangible des conditions de détention dans l’Ituri s’inscrit dans une dynamique plus large de stabilisation territoriale. La prison centrale de Bunia, autrefois symbole de dysfonctionnements carcéraux, tourne progressivement une page sombre de son histoire. Les observateurs pénitentiaires relèvent que ces avancées pourraient servir de modèle pour d’autres établissements congolais confrontés à des défis similaires. Reste à savoir si cette dynamique positive pourra être maintenue après le retrait programmé de la MONUSCO, question cruciale pour la pérennisation des réformes engagées.
La consolidation de ces acquis représente désormais l’enjeu majeur pour les autorités provinciales. Le défi consiste à intégrer ces innovations dans le cadre d’une politique pénitentiaire nationale cohérente, garantissant à la fois la sécurité publique et le respect des droits fondamentaux des détenus. Cette évolution exemplaire à Bunia démontre que des solutions concrètes existent pour améliorer le système carcéral congolais, à condition d’allier volonté politique et soutien technique international.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
