Dans un mouvement stratégique pour assainir les finances publiques, le ministre des Finances Doudou Fwamba a officiellement lancé ce jeudi 24 juillet à Kinshasa le Comité de pilotage du compte unique trésor RDC. Cette initiative phare, soutenue techniquement et financièrement par la Banque mondiale, constitue l'épine dorsale de la réforme finances publiques engagée par le gouvernement. Son objectif cardinal ? Centraliser intégralement les ressources financières du pouvoir central au sein de la Banque centrale Congo (BCC), mettant ainsi fin à des décennies de dispersion des fonds publics.
Le ministre Fwamba a martelé lors de la cérémonie, en présence du premier vice-gouverneur de la BCC et du représentant résident de la Banque mondiale : « Cette mesure répond à une exigence de rationalisation, de transparence et d'efficacité dans la gestion de la trésorerie publique. Elle traduit la volonté politique irréversible de centraliser l'ensemble des ressources du pouvoir central ». Une déclaration qui souligne l'urgence de cette centralisation ressources état pour contrer les détournements et optimiser la liquidité nationale.
Comment cette réforme s'articule-t-elle concrètement ? Le dispositif créera un circuit financier unifié où toutes les recettes fiscales, douanières et para-fiscales convergeront vers un seul compte à la BCC. Ce mécanisme éliminera les comptes éparpillés dans des banques commerciales, permettant un contrôle en temps réel des flux. Pour les observateurs économiques, c'est une avancée majeure vers une gestion trésorière moderne, réduisant les coûts de transaction de 30% selon les projections de la Banque mondiale.
Cette restructuration s'inscrit dans le cadre des conditionnalités du programme économique conclu avec le Fonds monétaire international (FMI). Le ministre a rappelé son caractère indispensable pour « garantir la stabilité macroéconomique et renforcer la confiance des partenaires techniques financiers ». Une allusion claire aux bailleurs internationaux qui conditionnent leur aide à l'amélioration de la gouvernance financière. En effet, selon un rapport récent de la Banque africaine de développement, la dispersion des comptes étatiques coûterait à la RDC près de 15% de ses recettes annuelles en frais de gestion opaques.
Mais au-delà des aspects techniques, cette réforme pose une question fondamentale : comment reconstruire une souveraineté financière dans un pays où seulement 40% du budget national transitait jusque-là par la banque centrale ? Le compte unique du Trésor agit comme un puissant levier contre la corruption systémique. En canalisant l'ensemble des ressources publiques vers la BCC, il permettra un audit continu et réduira les possibilités de détournement à la source. Pour les citoyens congolais, cela pourrait se traduire par une meilleure allocation des fonds vers les secteurs sociaux prioritaires – une promesse longtemps différée.
La feuille de route prévoit une mise en œuvre progressive sur 18 mois, avec un volet crucial de renforcement des capacités de la BCC. Les défis restent néanmoins immenses : résistance des administrations habituées à leur autonomie financière, modernisation des systèmes informatiques et sécurisation des transferts électroniques. Si ce pari institutionnel aboutit, il pourrait servir de modèle à d'autres économies africaines fragilisées par la fragmentation financière. À l'horizon 2025, cette centralisation pourrait booster les réserves de change de 25% et restaurer durablement la crédibilité fiscale de la RDC auprès des marchés internationaux.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net