Des applaudissements ont crépité ce mercredi 23 juillet 2025 lorsque le premier véhicule a franchi le nouveau pont Lowa Faradje. Dans la chefferie de Logo-Doka, des centaines d’habitants aux visages soulagés célébraient cette infrastructure tant attendue, symbole concret des Kibali Gold Mine projets communautaires. « Avant, traverser la rivière en saison des pluies était un cauchemar », confie Mama Kesia, commerçante de manioc, en essuyant une larme. « Combien de récoltes ont pourri sur la berge, faute de passage ? »
Présidée par l’administrateur du territoire Emmanuel Mandabha, la cérémonie d’inauguration réunissait une mosaïque d’acteurs locaux : Sa Majesté Yabet Agumani Mawa, chef de la chefferie Logo-Doka, le chef de groupement Makoro Jean-Faustin Akudhi Matafa, et Teddy Byegulu, représentant du département social de KGM. Ce dernier a souligné l’importance des redevances minières RDC dans le financement de telles réalisations : « Ce pont incarne notre politique de restitution aux communautés qui nous accueillent. »
L’infrastructure Logo-Doka n’est pas qu’un simple ouvrage d’art. Véritable colonne vertébrale économique, elle relie désormais les chefferies Logo-Ogambi, Obeleba et Doka, ainsi qu’un réseau vital de marchés agricoles. « Imaginez le potentiel libéré ! », s’exclame un membre du Comité Local de Développement. « Nos produits atteindront enfin les centres de consommation sans détérioration. » Un espoir partagé par les cultivateurs présents, dont les charrettes pourront désormais circuler en toute saison.
Dans son allocution, Teddy Byegulu a dévoilé l’ambitieuse feuille de route de KGM : l’ouverture imminente de la route Dixpas–Bugô et surtout, les études avancées pour un pont rivière Kibali dans la chefferie Dhongo à Lanza. « Les discussions avec notre partenaire d’exécution sont finalisées », a-t-il assuré, répondant ainsi aux interrogations sur la pérennité des engagements miniers.
Pourtant, derrière les sourires officiels, des questions persistent. Comment garantir que ces infrastructures profiteront d’abord aux populations riveraines, souvent marginalisées dans les retombées économiques ? Le mécanisme des comités locaux de suivi (CLS) sera-t-il suffisant pour éviter les détournements ? Autant de défis qui rappellent que le développement territorial ne se mesure pas qu’en mètres de béton, mais en justice sociale.
Ce pont cristallise une réalité plus vaste : dans l’est congolais, les redevances minières RDC doivent impérativement se transformer en leviers de développement tangible. Alors que Kibali Gold Mine poursuit son implantation à Faradje, chaque nouveau projet comme celui-ci devient un test de crédibilité. La balle est désormais dans le camp des autorités locales pour faire de cette infrastructure Logo-Doka un tremplin vers l’autonomie, plutôt qu’un simple geste technique. L’enjeu dépasse la traversée d’une rivière : il s’agit de jeter des ponts durables entre l’industrie extractive et les communautés oubliées.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd