La République Démocratique du Congo marque une présence stratégique au 17e Salon international de l’industrie de la défense (IDEF 2025) à Istanbul. Menée par le Vice-Premier ministre de la Défense nationale, Guy Kabombo, cette participation intervient dans un contexte de réactivation des accords de coopération militaire entre Kinshasa et Ankara. L’événement, qui se tient du 22 au 27 juillet 2025 au Centre des expositions d’Istanbul, constitue l’une des plateformes les plus influentes pour l’innovation technologique militaire mondiale.
Le salon IDEF 2025, organisé sous l’égide du ministère turc de la Défense et de la présidence du Secrétariat des industries de défense, réunit décideurs publics et industriels du secteur. Cette édition revêt une importance particulière pour la coopération militaire RDC Turquie, alors que les deux nations cherchent à concrétiser des partenariats annoncés depuis 2022. Les échanges bilatéraux entre Guy Kabombo et son homologue turc Yaşar Güler ont confirmé cette volonté commune, centrée sur trois piliers juridiques.
« Les deux ministres ont réaffirmé la volonté partagée de renforcer la coopération militaire entre la RDC et la Turquie », précise un communiqué officiel. Kabombo a insisté sur l’application effective des trois instruments signés à Kinshasa le 20 février 2022 : l’Accord-cadre de coopération militaire, l’Accord dans le domaine de l’industrie de défense, et le Protocole d’aide financière. Cette insistance soulève une question cruciale : quelles retombées concrètes la RDC peut-elle attendre de cette relance des accords défense RDC ?
Le contexte historique éclaire ces négociations actuelles. Ces accords s’inscrivent dans le sillage de la visite présidentielle de Recep Tayyip Erdoğan en RDC il y a trois ans, qui avait abouti à sept protocoles couvrant divers secteurs. Outre les trois instruments de défense, figuraient des projets d’infrastructures majeures : la construction du Centre des Finances de Kinshasa, 1083 km d’autoroute, une ligne ferroviaire, et le développement du transport fluvial sur le Congo. L’industrie militaire à Istanbul pourrait ainsi servir de levier à des partenariats élargis.
La participation congolaise à ce forum mondialisé répond à plusieurs objectifs stratégiques. D’abord, moderniser les équipements des FARDC face aux défis sécuritaires persistants dans l’Est du pays. Ensuite, développer une industrie militaire locale par des transferts de technologie, un axe central des discussions avec les exposants turcs. Enfin, diversifier les partenariats de défense dans un paysage géopolitique en recomposition. Le choix du salon IDEF 2025 comme cadre de relance bilatérale n’est donc pas anodin : il place la coopération dans l’écosystème mondial des innovations tactiques.
Les observateurs notent toutefois que la concrétisation des accords de 2022 reste limitée à ce jour. La réactivation des protocoles nécessitera des mécanismes financiers robustes et un calendrier opérationnel précis. La Turquie, de son côté, y voit l’opportunité d’étendre son influence géostratégique en Afrique centrale par le biais d’exportations d’équipements militaires. Pour la RDC, l’enjeu est double : sécuriser des capacités défensives modernes tout en développant une autonomie industrielle dans ce secteur sensible.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer l’impact réel de ces discussions d’Istanbul. La mise en œuvre effective des accords constituerait un tournant dans les capacités opérationnelles des forces congolaises. Reste à savoir si ce regain de coopération militaire RDC Turquie saura dépasser le stade des déclarations d’intention pour produire des résultats tangibles sur le terrain.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
