La province de la Mongala, en République Démocratique du Congo, traverse une crise judiciaire sans précédent depuis vingt-quatre mois. Un manque criant de magistrats paralyse l’ensemble du système judiciaire local, plongeant les tribunaux de paix dans un dysfonctionnement systémique aux conséquences dramatiques pour les justiciables.
Dans une missive adressée au président du Conseil supérieur de la Magistrature, l’ONG Action des Jeunes pour le Bien-Être Social (AJBS) révèle l’ampleur de cette paralysie judiciaire. Les tribunaux de Lisala, Bumba et Bongandanga fonctionnent dans des conditions particulièrement alarmantes. Roger Nzumbu, coordonnateur de l’AJBS, précise que seuls deux magistrats de carrière officient à Lisala, un unique juge à Bumba, tandis que le tribunal de Bongandanga est totalement dépourvu de personnel judiciaire qualifié.
Cette carence magistrature a des répercussions humaines insoutenables. Combien de citoyens doivent encore souffrir dans l’oubli des geôles congolaises ? Des détenus croupissent indéfiniment en détention préventive, privés de leur droit fondamental à un procès équitable. L’ONG confirme avec consternation que certains prévenus sont décédés en prison, leurs dossiers judiciaires n’ayant jamais été examinés par un tribunal compétent. Des condamnations à demeure prolongées sont régulièrement prononcées, violant ouvertement les principes élémentaires de l’État de droit.
L’impossibilité de fixer des audiences entraîne une surpopulation carcérale aux conséquences sanitaires désastreuses. Des cas de tuberculose et de choléra ont été signalés dans les établissements pénitentiaires de la région, transformant les cellules en mouroirs où les droits humains sont bafoués quotidiennement. Cette situation illustre tragiquement les dysfonctionnements tribunaux RDC qui persistent dans plusieurs provinces du pays.
Face à cette urgence humanitaire et judiciaire, l’AJBS lance un appel pressant aux autorités. Le rétablissement immédiat de l’ordre judiciaire dans la Mongala s’impose comme une impérieuse nécessité. Sans un déploiement urgent de juges supplémentaires, cette paralysie judiciaire Congo risque d’aggraver l’insécurité et de nourrir un sentiment d’impunité délétère pour la cohésion sociale. La carence magistrats Lisala symbolise à elle seule l’effondrement d’un système censé protéger les citoyens.
Les prochaines semaines seront déterminantes. Soit les instances nationales prendront la mesure de cette catastrophe silencieuse, soit la Mongala sombrera davantage dans un vide juridique où la détention arbitraire devient la norme. Quand l’État congolais remplira-t-il enfin son obligation constitutionnelle de garantir à tous ses citoyens l’accès à une justice indépendante et efficace ? La réponse à cette question engage la crédibilité même des institutions devant l’histoire et le peuple congolais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
