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RDC : Fin de l’exclusion scolaire pour les élèves enceintes, les parents divisés

Depuis le 14 juillet, une note circulaire du ministère de l’Éducation nationale en RDC interdit formellement l’exclusion des élèves enceintes des établissements scolaires. Une décision qui vise à lutter contre la déscolarisation des adolescentes et à garantir l’égalité d’accès à l’éducation. Pourtant, à Kinshasa, cette directive suscite un débat passionné au sein des familles, révélant un profond clivage entre progressistes et conservateurs.

Serge Mbuyi, père de famille à Limete, voit dans cette interdiction d’exclusion scolaire une avancée sociale majeure : « Être mère ne devrait pas empêcher une fille de continuer ses études. » Mais comme beaucoup de parents favorables, il émet des réserves sur les conditions pratiques : « Il faut prévoir des aménagements, comme une salle à part, pour éviter de perturber les autres élèves. » Une préoccupation partagée par Moris Nzeza, fonctionnaire, pour qui cette politique éducative en RDC devrait s’accompagner d’un véritable soutien psychosocial : « Ce n’est pas la grossesse le vrai problème, mais l’absence d’éducation sexuelle. Pourquoi ne pas leur proposer aussi des formations professionnelles si certaines ne peuvent plus suivre le rythme scolaire ? »

À l’opposé, dans le quartier huppé de Gombe, le rejet est catégorique. Mme Banza argumente avec fermeté : « Si ma fille de 13 ou 14 ans tombe enceinte en pleine année scolaire, c’est un signal d’alerte. Une année sabbatique serait plus raisonnable. » Une position que renforce Mme Regis sur un ton sans appel : « Une élève enceinte en uniforme dans une salle de classe ? Ce n’est ni moral ni pédagogique. Elle doit préserver sa dignité en restant à la maison. » Cette vision traditionnelle trouve écho chez Papa Nzuzi, père de quatre enfants, qui redoute une influence néfaste : « Si ma fille voit ses camarades venir enceintes à l’école, elle pourrait être influencée. Je ne suis pas prêt à l’envoyer dans un tel environnement ! »

Derrière ces positions tranchées sur l’exclusion scolaire pour cause de grossesse se cachent des défis concrets d’application. Mme Hortense pointe les risques sanitaires : « Monter les escaliers quotidiennement, supporter les embouteillages kinois… ce serait pénible pour une adolescente. » La question des moyens se pose avec acuité : comment les écoles congolaises pourront-elles accompagner ces jeunes filles sans psychologues scolaires, sans personnel médical dédié, sans infrastructures adaptées ? Cette interdiction des élèves enceintes exclues du système pourrait rester lettre morte sans budget supplémentaire.

La nouvelle politique éducative précise pourtant clairement qu’aucune exclusion n’est permise sauf si l’élève elle-même manifeste le souhait de quitter temporairement l’école. Une mesure qui s’inscrit dans le droit fil des engagements internationaux de la RDC pour l’éducation des filles. Mais entre principes et réalité, le fossé semble immense. Alors que la rentrée scolaire approche, une interrogation cruciale demeure : cette volonté de protéger le droit à l’éducation des jeunes mères résistera-t-elle aux résistances socioculturelles et au manque de moyens ? L’égalité d’accès à l’éducation pour toutes les Congolaises passera-t-elle par cette révolution des mentalités ?

Le débat dépasse largement la simple question de l’exclusion scolaire pour grossesse. Il interroge la capacité du système éducatif congolais à s’adapter aux réalités sociales tout en préservant sa mission fondamentale. Si certains y voient un dangereux laxisme, d’autres saluent une avancée vers une société plus inclusive. Une certitude émerge des témoignages recueillis : sans campagne massive d’éducation sexuelle et sans structures d’accompagnement, cette mesure risque de créer plus de tensions que de solutions. L’école congolaise saura-t-elle transformer ce défi en opportunité pour toutes ses filles ? La réponse se construira dans les salles de classe et dans les foyers kinois dans les prochains mois.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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