Dans le silence feutré des studios de la télévision nationale, ce mercredi 23 juillet, les ordonnances présidentielles ont dessiné une nouvelle cartographie culturelle. Parmi les nominations qui ont émaillé la soirée, un retour fait vibrer la communauté patrimoniale : Simon Siala Siala retrouve le fauteuil de Directeur Général de l’Institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC). Une réintégration qui résonne comme un plaidoyer pour la continuité, six mois après sa suspension controversée par la ministre de la Culture.
L’ordonnance n°25/237 du 19 juillet 2025, tel un pinceau sur la toile institutionnelle, recompose le conseil d’administration avec Kokola Ntwali Prince à sa présidence. Autour de lui, Modestine Bwembola Lotigo, Bernadette Mafuta Nkoyi et Serge Tshuinza Kabangu formeront le quatuor décisionnel. Mais c’est bien Simon Siala Siala, nommé directeur général avec Juliette Mugole Bambu comme adjointe, qui incarne le symbole de cette mue. Quel souffle nouveau insufflera-t-il à la restauration patrimoine congolais après cette parenthèse où Henry Bundjoko assura l’intérim ?
La saveur de ce retour tient à la persistance d’une vision. Durant son précédent mandat, Siala Siala avait tissé des liens vitaux avec l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, donnant naissance à des résurrections artistiques émouvantes. Qui n’a pas frémi devant cette cruche Kongo du XVIIIe siècle, originaire de Seke Banza, patiemment réparée par les mains expertes des conservateurs ? Ces fragments d’histoire, sauvés de l’oubli, cristallisent l’engagement de l’IMNC à préserver la mémoire collective. Ce partenariat, plus qu’une collaboration, est un cordon ombilical reliant les générations futures à leur héritage.
Mais l’ambition de Simon Siala Siala dépasse la seule conservation. Avant sa suspension, il avait initié une révolution numérique audacieuse : un registre innovant pour recenser et protéger les œuvres contemporaines. Présenté en grande pompe au Musée National de la RDC, ce projet phare des musées RDC innovation constitue une armure contre l’usurpation et l’oubli. Grâce à des certificats d’authenticité digitaux, les artistes congolais gagnent une visibilité internationale, tandis que les collectionneurs découvrent un vivier de créativité. Ce dispositif, combiné à des programmes de résidences artistiques et d’expositions itinérantes, dessine les contours d’un écosystème culturel dynamique.
L’IMNC, sous cette nouvelle direction, redevient ce phare dans la tempête, ce gardien des récits enfouis dans les terres ocre du Kasaï ou les forêts équatoriales. L’institution, pilier de la restauration patrimoine congolais, porte désormais une double mission : protéger les fragiles témoins du passé tout en incubant les avant-gardes de demain. La réaffectation de Simon Siala Siala, loin d’être une simple rotation administrative, ressemble à un manifeste. Le Congo saura-t-il saisir cette chance pour réconcilier sa mémoire et son avenir créatif ?
Dans l’ombre des vitrines éclairées, où reposent masques rituels et statues ancestrales, une énergie nouvelle semble palpiter. Les projets en suspens – ce programme d’échanges culturels, cette plateforme numérique ouverte au monde – attendent leur second souffle. Le retour de Simon Siala Siala à la tête de l’IMNC n’est pas qu’une nomination directeur général IMNC ; c’est la promesse d’une renaissance institutionnelle où chaque œuvre restaurée, chaque artiste recensé, tisse la toile résiliente de l’identité congolaise.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd