Kinshasa, 23 juillet 2025 — Le Centre financier de Kinshasa a abrité, ce mercredi, le lancement officiel des travaux du comité de pilotage chargé de suivre la mise en œuvre de la Convention de tenue du Compte Unique du Trésor (CUT) du pouvoir central. La cérémonie, présidée par le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, consacre une nouvelle phase d’une réforme jugée stratégique pour la gestion de la trésorerie publique.
Le CUT (ou Treasury Single Account) est un dispositif qui centralise l’ensemble des ressources financières de l’État sur un compte ou un ensemble de comptes liés, généralement à la Banque centrale. Objectif : améliorer la visibilité des flux, optimiser la trésorerie et éviter les emprunts de court terme coûteux lorsque des liquidités « dorment » dans des comptes épars.
La Loi organique relative aux finances publiques (LOFIP) et le Règlement général sur la comptabilité publique servent de fondement juridique à la mise en place du CUT, complétés par la « Convention de tenue du compte unique du pouvoir central » signée le 31 décembre 2024 entre la Banque centrale du Congo (BCC) et le ministère des Finances. Un arrêté ministériel de janvier 2025 a ensuite institué le comité de pilotage dont les travaux démarrent aujourd’hui.
Au-delà de l’orthodoxie budgétaire, la centralisation des disponibilités financières permet de réduire les charges d’intérêts liées aux emprunts de trésorerie, d’améliorer la qualité de l’information financière et de renforcer la coordination entre politique budgétaire et politique monétaire. Autant d’arguments mis en avant par les institutions financières internationales depuis plusieurs années.
Créé pour « le suivi de la mise en œuvre de la Convention de tenue du Compte Unique du Pouvoir central », le comité devra coordonner les administrations concernées, valider le plan de migration des comptes existants vers la BCC, harmoniser les procédures de paiement et s’assurer du respect du calendrier arrêté. L’arrêté ministériel de janvier 2025 précise sa création, son organisation et son fonctionnement.
Selon les engagements pris avec le Fonds monétaire international (FMI), l’opérationnalisation complète du CUT figure parmi les repères structurels à atteindre d’ici octobre 2025. La réunion de ce 23 juillet s’inscrit donc dans une feuille de route déjà tracée : consolider les comptes, connecter les systèmes d’information et rendre la plateforme pleinement fonctionnelle avant la fin de l’année budgétaire.
La fragmentation actuelle des comptes publics, le manque d’interopérabilité entre systèmes informatiques et la nécessité d’une discipline stricte dans les ordonnancements et paiements constituent autant de défis. Les expériences internationales montrent que le succès d’un CUT repose sur une gouvernance claire, une infrastructure bancaire fiable et une culture de gestion de trésorerie active au sein du ministère des Finances.
Un État qui gère mieux sa trésorerie, c’est potentiellement moins de retards de paiement aux fournisseurs, une exécution budgétaire plus prévisible et, in fine, une meilleure crédibilité financière. La centralisation des fonds limite les dérapages et améliore la traçabilité des dépenses publiques, conditions essentielles pour renforcer la confiance des partenaires techniques et financiers.
Les prochains mois seront décisifs : recensement et fermeture des comptes « hors CUT », paramétrage des flux à la BCC, formation des gestionnaires publics, puis publication de rapports réguliers sur les soldes et mouvements. Le comité de pilotage devra également veiller à ce que les entités publiques couvertes par le CUT respectent les nouvelles procédures, sous peine de sanctions administratives.