Dans un mouvement stratégique révélateur des recompositions du pouvoir économique, la République Démocratique du Congo assiste à un changement de garde à la tête de sa banque centrale. La nomination d’André Wameso comme gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), en remplacement de Malangu Kabedi Marie-France, interroge sur les nouveaux équilibres du pilotage monétaire national. Cette décision, officialisée mercredi par voie d’ordonnances présidentielles, pourrait bien reconfigurer durablement les mécanismes de régulation financière dans un contexte d’inflation persistante.
L’ascension fulgurante d’André Wameso, hier encore directeur de cabinet adjoint du chef de l’État chargé des dossiers économiques, soulève plusieurs interrogations. Ce technocrate, désormais aux commandes de l’institution émettrice, hérite d’un mandat semé d’embûches : maîtriser une inflation avoisinant les 23%, stabiliser le franc congolais et garantir la liquidité des banques commerciales. Son expérience au sein du cabinet présidentiel sera-t-elle un atout ou un handicap face aux défis techniques de la banc centrale ? La question mérite d’être posée, tant les enjeux dépassent les simples considérations politiciennes.
Dans ce remaniement subtil, la sortante Malangu Kabedi ne quitte pas pour autant l’arène économique. Son affectation à la présidence du Conseil d’administration de la CADECO (Caisse des Dépôts et Consignations) ressemble à un habile compromis – promotion formelle ou marginalisation déguisée ? L’analyse des observateurs diverge sur ce point crucial. Parallèlement, la stabilité apparente est préservée avec le maintien des vice-gouverneurs Dieudonné Fikiri Alimasi wa Asani et William Pambu, garants d’une certaine continuité opérationnelle au sein de la BCC.
Cette cascade de nominations orchestrée depuis le palais de la Nation ne se limite pas à la sphère monétaire. Dans un jeu d’échecs administratif, André Nymbwe Musungayi hérite du poste laissé vacant par Wameso au cabinet économique présidentiel, tandis que Roger Kalenga Kazadi intègre l’équipe de communication de Félix Tshisekedi comme porte-parole adjoint. Ces changements banque centrale Congo, annoncés solennellement par Tina Salama sur les ondes de la RTNC, s’inscrivent dans une logique plus vaste de reconfiguration des cercles décisionnels. Les ordonnances présidentielles du 23 juillet dessinent-elles une nouvelle architecture du pouvoir ou ne sont-elles que le reflet d’équilibres claniques mouvants ?
Derrière l’apparente technicité de ces Tina Salama nominations se cachent des enjeux de souveraineté économique cruciaux. La BCC, pièce maîtresse dans la lutte contre la dollarisation rampante de l’économie congolaise, nécessite un pilotage d’une acuité exceptionnelle. Wameso devra naviguer entre impératifs de stabilité monétaire et pressions politiques, dans un environnement où les marges de manœuvre restent étroites. Sa première bataille ? Redonner crédibilité à une institution dont l’indépendance est régulièrement mise en doute par les partenaires internationaux.
À l’heure où la RDC négocie son retour au sein du cercle très sélect des pays bénéficiant de programmes du FMI, cette nomination gouverneur BCC prend une dimension stratégique incontestable. Le parcours d’André Wameso RDC sera scruté à la loupe par les marchés financiers et les institutions de Bretton Woods. Son entrée en fonction marquera-t-elle un tournant dans la gestion des réserves de change ou une simple continuité sous d’autres auspices ? La réponse se mesurera à l’aune des prochains indicateurs macroéconomiques – et de la capacité du nouveau gouverneur à résister aux injonctions contradictoires du pouvoir exécutif.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net