Ce jeudi à Lubumbashi, Jacques Kyabula, gouverneur du Haut-Katanga, a émergé de sa résidence du quartier Golf telle une apparition spectrale, rompant soudainement deux semaines d’absence totale qui avaient plongé la province dans une perplexité croissante. Face à une foule massée, l’autorité provinciale s’est bornée à un geste de main laconique, refusant tout discours avant de se retirer. Cette pantomime politique, loin d’apaiser les inquiétudes, a jeté une ombre plus épaisse encore sur une situation déjà chargée d’interrogations.
L’énigme Kyabula prend racine dans un vide communicationnel soigneusement entretenu. Depuis mi-juillet, aucune justification officielle n’éclaire cette éclipse soudaine du premier responsable provincial, pourtant cruciale dans une région confrontée à d’âpres défis socio-économiques. Le ministère de l’Intérieur, face à ce leadership provincial défaillant, a dû activer en urgence la procédure d’intérim, confiant les rênes au vice-gouverneur. Une mesure présentée comme garantissant la continuité institutionnelle, mais qui trahit l’embarras des autorités centrales face à cette vacance imprévue.
Dans les couloirs du pouvoir, les chuchotements convergent vers Kinshasa : Jacques Kyabula aurait été convoqué par le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur. Une information relayée par des sources proches du gouverneur, mais que rien ne vient étayer publiquement. Cette réapparition politique à Lubumbashi serait-elle alors une simple étape avant un départ pour la capitale ? Et si oui, pourquoi ce mutisme obstiné qui transforme chaque geste en symbole et chaque silence en rumeur ?
L’actualité gouverneur RDC se nourrit habituellement de déclarations et de projets, non de ces absences inexpliquées qui sapent la confiance citoyenne. La réapparition soudaine de Kyabula, sans explication sur son éclipse, soulève une question fondamentale : un dirigeant peut-il s’extraire ainsi de ses responsabilités sans rendre de comptes à la population ? Dans le Haut-Katanga, où les attentes sont palpables, cette crise leadership provincial intervient à un moment où les dossiers miniers explosifs et les tensions sociales réclament une autorité visible et engagée.
Derrière l’apparente simplicité de ce retour, se cachent des enjeux politiques plus larges. Cette absence gouverneur Haut-Katanga pourrait révéler des tensions sous-jacentes entre l’exécutif provincial et le gouvernement central, ou signaler des recompositions en cours dans l’échiquier politique katangais. La sobriété calculée de sa réapparition contraste étrangement avec l’agitation qu’elle a provoquée, comme si le gouverneur testait sa propre influence tout en mesurant la résilience des institutions.
À l’heure où la province croise les doigts pour un éclaircissement prochain, une évidence s’impose : les prochains jours seront décisifs pour la crédibilité de Jacques Kyabula. S’il persiste dans ce mutisme, ne risque-t-il pas de transformer une simple absence en crise de légitimité durable ? La balle est désormais dans son camp : sa capacité à rompre le silence déterminera s’il reste le capitaine du navire katangais ou devient un simple passager clandestin de la scène politique congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net