La signature de la déclaration de principe entre le gouvernement congolais et l’AFC-M23 à Doha samedi dernier, sous médiation qatarie, ouvre-t-elle réellement la voie à une paix durable en RDC ? Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales, par la voix de ses représentants Seth Kikuni et Claudel Lubaya, salue cet accord tout en insistant sur l’urgence d’un dialogue politique en RDC plus ambitieux. Dans une déclaration percutante, cette plateforme exige une refonte complète du processus, estimant que les discussions actuelles « doivent être plus structurées, inclusives et républicaines ».
Pour ces acteurs clés, le récent processus paix Congo ne saurait se limiter à des pourparlers techniques. Ils réclament l’adoption immédiate du pacte social CENCO-ECC, ce cadre stratégique porté conjointement par la Conférence épiscopale nationale du Congo et l’Église du Christ au Congo. « Il s’agit d’une obligation morale et patriotique », martèle le document, rappelant que les tensions récurrentes « menacent l’existence même » de la nation. Comment ignorer cet appel lorsque le pays cumule 65 ans de crises cycliques ?
Les Églises, justement, viennent de dévoiler les avancées concrètes de leur initiative. Loin de concurrencer les mécanismes régionaux comme les processus de Nairobi ou de Luanda, leur approche complémentaire cible les racines internes des conflits – ces « causes profondes » trop souvent éludées. L’originalité réside dans le déploiement opérationnel des feuilles route RGAC (Feuilles de Route Pratiques du Redressement Global Accéléré du Congo), désormais pilotées par des groupes de travail techniques. Ces plans d’action priorisent trois axes : la réconciliation nationale, la refondation institutionnelle et l’enracinement local de la paix.
La déclaration Doha AFC-M23 apparaît ainsi comme un prélude à des négociations plus substantielles. Mais la véritable rupture résiderait dans la capacité à transformer ce pacte social en engagements mesurables. Les Églises insistent sur la nécessité d’articuler « niveaux national et régional » dans une synergie inédite, impliquant toutes les composantes sociétales. Cette architecture complexe pourrait-elle enfin briser le cycle infernal des conflits dans les Grands Lacs ?
Le défi reste colossal. Alors que les groupes armés prolifèrent à l’Est, la réussite de ce dialogue élargi conditionne la crédibilité même de l’État congolais. Les prochaines semaines seront décisives pour vérifier si les belles déclarations survivront à la dure réalité des tractations politiques. Une chose est certaine : sans l’appropriation citoyenne des feuilles route RGAC, sans l’inclusion des forces vives de la nation prônée par le Cadre de concertation, la déclaration Doha AFC-M23 risque de rejoindre le cimetière des vœux pieux. La balle est désormais dans le camp des décideurs congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
