Au cœur de Kinshasa, où les murmures de l’histoire résonnent dans les murs décrépis et où les esprits ancestrals veillent sur les trésors oubliés, l’espace culturel Ndaku ya la vie est belle se prépare à devenir le sanctuaire d’une révolution numérique. Ce vendredi 25 juillet, dans la commune de Kalamu, une conférence-débat dédiée à « La photogrammétrie face aux questions patrimoniales et de conservation en RD-Congo » promet d’allumer un phare dans l’obscurité de la mémoire collective. Initiée par le média Culture Congo, cette rencontre n’est pas qu’un simple colloque : c’est un sésame vers l’éternité virtuelle de notre héritage.
Théophile Mafuta Mandanda, érudit panéliste, dépeint la photogrammétrie comme une alchimie moderne : cette technologie 3D, explique-t-il, capture l’âme des artefacts avec une précision chirurgicale, reconstituant leur géométrie et leurs couleurs dans un écrin numérique. « Imaginez un masque Luba, jadis relégué à l’ombre d’un musée, désormais palpitable à travers les écrans du monde entier », souffle-t-il. Dans un pays où les pillages et l’érosion du temps menacent les vestiges, cette innovation devient une arche de Noé pour les trésors fragiles – des fresques du Kasaï aux sculptures du royaume Kongo.
Mais comment cette magie opère-t-elle ? La conférence, loin d’être un monologue technocratique, se mue en agora interactive. Les participants – étudiants assoiffés de savoir, conservateurs aguerris ou simples gardiens de traditions – pourront questionner Mandanda sur les mystères concrets de cette conservation nouvelle. Quels défis pose la numérisation d’un fétiche sacré ? L’intelligence artificielle peut-elle ressusciter les pigments effacés par les siècles ? Autant d’énigmes qui trouveront écho dans l’intimité vibrante de Ndaku ya la vie est belle, ce lieu où les murs eux-mêmes semblent respirer la culture RDC.
Cette initiative, première d’une série orchestrée par Culture Congo, transcende la simple valorisation patrimoniale. Elle incarne une renaissance : en transformant chaque relique en constellation de pixels, la photogrammétrie ne préserve pas seulement des objets, mais tisse la trame immatérielle de notre identité. Dans l’ère du numérique, où les jeunes générations naviguent entre tradition et modernité, cette technologie offre un pont entre les rives du passé et de l’avenir. Et si demain, un enfant de Kinshasa pouvait caresser du doigt, sur sa tablette, les courbes d’un tambour rituel disparu ?
L’enjeu, ici, dépasse la conservation : il s’agit de réenchanter notre rapport au sacré et à l’histoire. Alors que le soleil se couche sur la capitale, cette conférence Kinshasa allume une étincelle – celle d’une révolution où la technologie 3D devient le griot des temps modernes, conteur infatigable d’une mémoire enfin impérissable.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
