Dans un contexte où les initiatives de pacification se multiplient sans consolidation durable, Clément Kanku, président du parti politique Mouvement pour le Renouveau, a jeté un pavé dans la mare lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 22 juillet à Kinshasa. Qualifiant la récente Déclaration de principes RDC signée entre le gouvernement et les groupes rebelles de « victoire politique majeure », le leader politique y voit toutefois une avancée fragile, appelant à une appropriation nationale immédiate.
« Cette déclaration n’est qu’un prélude », a-t-il affirmé, soulignant que les pourparlers de Doha, Nairobi ou Luanda demeurent insuffisants sans l’adhésion des populations congolaises. Dans une analyse acérée, Kanku a proposé la tenue urgente d’une Conférence nationale paix, estimant qu’elle constituerait le seul cadre légitime pour « enraciner la réconciliation ». Une proposition qui résonne comme un désaveu subtil des méthodologies actuelles, trop éloignées des réalités locales. Peut-on bâtir une paix pérenne sans impliquer directement les communautés meurtries par des décennies de conflits ? La question, lancinante, plane désormais sur les stratégies gouvernementales.
Parallèlement, le président du Mouvement pour le Renouveau a salué avec un enthousiasme mesuré le récent Partenariat minier RDC-USA, y discernant « une dynamisation essentielle de notre économie ». Toutefois, son soutien n’est pas dénué de sous-entendus critiques. Kanku a implicitement mis en garde contre les travers habituels des accords internationaux : « L’ouverture économique doit profiter d’abord aux Congolais, pas seulement aux investisseurs étrangers. » Une pointe ironique qui rappelle les déceptions passées liées à l’exploitation des ressources naturelles.
L’approche de Kanku dessine ainsi une voie médiane entre célébration et vigilance. Si la Déclaration de principes RDC représente selon lui un pivot diplomatique, elle ne saurait masquer les écueils structurels. Son plaidoyer pour une conférence inclusive soulève un enjeu fondamental : la paix peut-elle être importée ? Ou doit-elle émerger d’un dialogue endogène, loin des cénacles internationaux ? Le Mouvement pour le Renouveau positionne ici son leader en gardien d’une souveraineté souvent bafouée.
Reste que ce double positionnement – soutien aux initiatives gouvernementales combiné à une exigence de réappropriation nationale – constitue un pari risqué. Dans l’échiquier politique congolais, Kanku joue sa crédibilité en exigeant une Conférence nationale paix qui, si elle échoue, pourrait accentuer la défiance populaire. Son appel résonne comme un ultimatum aux autorités : transformer les promesses en actes concrets, ou voir cette « victoire politique » s’évaporer dans les sables mouvants de l’histoire. L’avenir immédiat dira si Kinshasa saura saisir cette main tendue… ou la laisser se refermer.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net