Kinshasa, épicentre des décisions mais loin des tourments du Kivu, a servi de cadre le 17 juillet à un dialogue crucial. À l’Hôtel du Fleuve, quinze organisations de la société civile congolaise, dont le Parlement des Femmes, ont exposé la gravité de la crise sécuritaire Est RDC devant Catherine Samba-Panza et Sahle-Work Zewde. Ces anciennes cheffes d’État, mandatées par l’Union africaine comme co-facilitatrices, ont écouté le constat implacable d’une région minée par des violences systématiques contre les civils. Une réalité qui interroge : jusqu’à quand les populations paieront-elles le prix de l’instabilité ?
Patricia Matondo Mba, présidente nationale du Parlement des Femmes, a brossé un tableau sans concession. « Nous sommes face à une crise humanitaire dont l’ampleur dépasse les capacités de réponse actuelles », a-t-elle déclaré, pointant du doigt l’urgence de restructurer le cadre national de concertation. Son plaidoyer ? Intégrer davantage les forces politiques, sociales et communautaires dans le dialogue paix RDC, estimant que l’exclusion de certains acteurs locaux sape toute initiative durable. Un diagnostic qui résonne comme un avertissement aux architectes de la paix.
Face aux violences civils Kivu, Mme Matondo a lancé un appel pressant pour la création d’un mécanisme coordination humanitaire tripartite. Ce dispositif, associant État congolais, ONG et agences onusiennes, viserait à optimiser l’aide dans les zones conflictuelles. « La dispersion des efforts aggrave les souffrances », a-t-elle insisté, soulignant que seule une synergie opérationnelle pourrait atténuer le calvaire des déplacés. Une proposition qui met en lumière les lacimes de la gouvernance humanitaire actuelle.
L’accent a été mis avec une particulière fermeté sur le sort des victimes de violences sexuelles. La représentante du Parlement des Femmes a exigé une prise en charge holistique – combinant soutien psychologique, soins médicaux, réinsertion économique et appui juridique – tout en réclamant des poursuites systématiques. « Les auteurs doivent répondre de leurs actes devant nos juridictions ou la CPI », a-t-elle martelé, plaidant pour une traduction concrète de la violences sexuelles justice RDC. Un message sans équivoque aux autorités judiciaires souvent accusées de laxisme.
Cette rencontre illustre la montée en puissance d’une société civile déterminée à briser le cycle infernal de l’Est. Les facilitatrices africaines repartent-elles avec des solutions ou le constat d’une impasse ? L’efficacité de leur médiation dépendra de leur capacité à transformer ces alertes en feuille de route contraignante. Car derrière les discours, une question persiste : quand les promesses de paix cesseront-elles d’être des mirages pour les femmes de Beni et d’Ituri ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd