Le paradoxe congolais saute aux yeux : assise sur un véritable trésor géologique – cuivre, cobalt et or indispensables à la transition énergétique mondiale –, la République Démocratique du Congo voit ses espoirs de transformation locale étouffés par un goulot d’étranglement structurel. Le déficit énergétique chronique, évalué à près de 1.000 Mégawatts pour le seul secteur minier, constitue une barrière infranchissable à l’industrialisation de ses ressources. Comment un pays au potentiel électrique hydroélectrique colossal, estimé à 100.000 MW, peut-il manquer cruellement d’électricité pour valoriser ses richesses ?
La société nationale d’électricité (SNEL), en dépit de ses efforts, ne parvient pas à combler les besoins croissants des opérateurs miniers. Pire, l’énergie fournie, bien que prioritairement allouée à ces entreprises stratégiques, reste notoirement peu fiable et insuffisante. Ce manque de stabilité paralyse les chaînes de production, empêchant la montée en gamme vers des activités à plus forte valeur ajoutée. Conséquence immédiate : le minerai brut continue de quitter le territoire sans transformation significative, privant l’économie nationale de revenus substantiels et d’opportunités d’emplois qualifiés.
Les répercussions économiques sont multiples et profondes. D’une part, cette dépendance aux exportations de matières premières non transformées expose la RDC aux fluctuations erratiques des cours mondiaux. D’autre part, elle limite drastiquement les retombées locales pour les communautés riveraines des sites miniers. L’absence d’énergie abordable et stable constitue un frein majeur au développement de clusters industriels intégrés, pourtant essentiels pour capter une plus grande part de la valeur générée par ces ressources stratégiques.
Face à ce casse-tête énergétique, un récent podcast produit par Actualité.cd en collaboration avec Resource Matters, présenté par José Mukendi, explore les pistes de solutions. La question centrale demeure : quels investissements et réformes structurelles impulser pour transformer ce secteur minier énergivore en levier de développement durable ? Les experts interrogés soulignent l’urgence d’accélérer les partenariats public-privé, de moderniser les infrastructures de transport d’électricité et de diversifier le mix énergétique en intégrant davantage les énergies renouvelables décentralisées.
À l’heure où la demande mondiale en minerais critiques s’intensifie, la résolution du défi énergétique n’est plus une option mais une condition sine qua non pour que la RDC cesse d’être un simple fournisseur de matières premières et devienne enfin un acteur industriel de premier plan dans la chaîne de valeur mondiale. La production électrique dédiée aux mines pourrait ainsi se muer en colonne vertébrale du développement économique national, à condition que les investissements suivent et que la gouvernance du secteur s’améliore radicalement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd