Les cris de colère résonnaient dans les rues de Kisenso ce mardi 22 juillet, où des centaines d’habitants ont marché d’un pas déterminé. Appuyés par des associations locales, ils réclamaient une seule chose : la reprise immédiate des travaux de la Route Renaissance, ce projet vital promis pour désenclaver leur commune. Partis de l’ancien cimetière des professeurs, le cortège a serpenté le long des ravins érosifs qui rongent le quartier, symboles criants du délabrement infrastructurel, avant de converger vers la maison communale.
Dans cette manifestation Kisenso, chaque pas comptait comme un rappel à l’ordre aux autorités. Winner Mangalaboy, coordonnateur de la marche, résume l’urgence : « Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier ? Cette route n’est pas un luxe, c’est une nécessité vitale pour stopper les pertes humaines et matérielles ». Le mémorandum remis au bourgmestre porte cette protestation citoyenne sur papier, détaillant les souffrances quotidiennes : ambulances bloquées, marchandises perdues, enfants manquant l’école lors des pluies.
Le projet de la Route Renaissance, pièce maîtresse du programme gouvernemental « 5 artères axe Kisenso », devait relier directement la commune à Matete, Lemba et Mont-Ngafula. Un désenclavement Kinshasa promis qui se transforme en mirage. Depuis des mois, les engins de chantier sont immobilisés, laissant les habitants face à une question angoissante : pourquoi ce blocage alors que le développement socio-économique de toute une région en dépend ?
L’état actuel des voies ressemble à un parcours du combattant. Les érosions transforment les axes en pièges mortels lors de la saison des pluies. « Chaque retard dans les travaux Route Renaissance se paye en vies humaines », martèle une mère de famille croisée sur le parcours, montrant du doigt les ravines qui ont englouti une partie de sa parcelle. Cette infrastructure n’est pas qu’une question de bitume : c’est l’accès aux hôpitaux, aux marchés, aux écoles qui se joue ici.
La population, lasse des promesses non tenues, lance un ultimatum aux décideurs. « Nous ne pouvons plus supporter cette situation », tonne un ancien du quartier. Leur revendication est claire : une date concrète pour la relance du chantier et des mécanismes de suivi transparents. Cette mobilisation pacifique montre une communauté prête à se battre pour son droit fondamental à la mobilité.
Alors que Kinshasa aspire à devenir une métropole moderne, le calvaire de Kisenso pose une question plus large : comment justifier l’abandon des périphéries quand le développement urbain devient sélectif ? Le désenclavement Kinshasa passe par ces artères oubliées où des citoyens manifestent, non pour des privilèges, mais pour leur survie quotidienne. Leur combat dépasse la simple réparation de voirie ; c’est celui de la dignité et de l’égalité d’accès aux services essentiels. Combien de temps encore devront-ils marcher pour se faire entendre ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net