Le cri d’alarme résonne dans la salle comble : « Il est grand temps que les intellectuels chrétiens s’élèvent contre les antivaleurs qui ont mis notre pays à genoux ! » La voix de l’archevêque général Albert Kankienza Muana Mbo, fondateur du symposium « Des Compagnons de Daniel », perce le brouhaha de Kinshasa ce mardi 22 juillet. Face à lui, des centaines de professionnels – juristes, médecins, enseignants – venus de toute la République Démocratique du Congo, unis par une même foi et une urgence : sauver la nation de la corruption, du tribalisme et des détournements systémiques.
« Dans la vision des Compagnons de Daniel, c’est de pousser des intellectuels chrétiens à ne plus demeurer en marge de la société », explique Albert Kankienza, le regard déterminé. Son initiative, ce creuset de réflexion qui s’étendra jusqu’au 24 juillet, veut faire des participants ces « Daniel modernes » capables d’incarner les valeurs bibliques dans l’espace public. « Nous appelons des Daniel à se positionner dans tous les secteurs : pas seulement les institutions publiques mais partout où la lumière doit briller », insiste-t-il, comparant ces intellectuels nés de nouveau au sel et à la lumière évoqués par Jésus-Christ.
Comment une nation riche comme la RDC peut-elle encore suffoquer sous le poids des antivaleurs ? La question plane sur les débats où Jacques Kangudia Mutambayi, coordonnateur de la Coordination de Changement des Mentalités (CCM), apporte le soutien de la présidence. « Ce pays a beaucoup souffert à cause des antivaleurs », reconnaît-il, saluant une démarche en phase avec sa mission de lutte contre la corruption. Autour des tables rondes, les participants dissèquent les maux congolais : élections transparentes, éducation en berne, système de santé paralysé. Chaque exposé, chaque témoignage dessine le même constat amer : sans révolution morale, aucun développement durable n’est possible.
« Nous assistons à un réveil des consciences », souffle une participante, enseignante à Goma. « Pendant des années, nous avons prié dans nos églises tout en fermant les yeux sur le pillage des ressources. Aujourd’hui, Dieu nous appelle à être des sentinelles. » Cette volonté de refondation morale s’inspire directement du prophète Daniel, ce modèle biblique de droiture qui résista aux compromissions à Babylone. Un parallèle poignant dans un pays où beaucoup estiment que les élites ont vendu leur âme.
Les résolutions qui émergeront de ces assises seront portées au chef de l’État. Mais au-delà des recommandations politiques, c’est une lame de fond qui semble se former. Albert Kankienza y voit l’amorce d’un mouvement historique : « Dans les mois et années à venir, ces Daniel auront un rôle majeur pour apporter la lumière dans les secteurs en ruine. » La route sera longue dans un pays classé parmi les plus corrompus au monde. Pourtant, dans l’auditorium, une conviction s’impose : et si le véritable développement de la RDC commençait par cette insurrection des consciences ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd