Le crépitement de la pluie sur les roches, les éclairs zébrant le ciel noir… C’est dans ce chaos météorologique que Junior*, 22 ans, a trouvé la mort ce lundi 21 juillet après-midi. Comme chaque jour, ce ressortissant du territoire de Faradje grattait la terre dans la carrière minière dite « Mineure » à Sambia, groupement Nasala. Un éclair foudroyant l’a frappé en pleine activité, transformant ce site de survie économique en scène de tragédie. « Son corps était encore fumant quand on l’a retrouvé », murmure un témoin sous le choc.
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. Emmanuel Migele, chef du groupement Nasala, confirme une réalité glaçante : « C’est le troisième foudroiement mortel à Dungu en moins d’un mois dans cette même zone ». Une série noire qui plonge la communauté locale dans une angoisse palpable. Comment expliquer cette recrudescence de décès par foudre en RDC ? Les orages extrêmes au Congo deviennent-ils des tueurs silencieux ?
Pourtant, malgré les risques évidents, le site minier de Sambia continue d’attirer des dizaines de jeunes. Dans un contexte de chômage généralisé, ces carrières représentent souvent le seul espoir de subsistance. « Ici, on choisit entre la faim et la foudre », lance amèrement Koffi, 19 ans, les mains encore couvertes de boue. Ces travailleurs, pour la plupart non équipés, ignorent les alertes météo et restent exposés aux éléments.
Ce nouvel accident minier à Sambia soulève des questions brûlantes sur la sécurité des sites aurifères artisanaux. Aucun abri anti-orage, pas de système d’alerte, aucune sensibilisation aux risques climatiques. « Quand le ciel gronde, on se cache sous les arbres… quand il y en a », avoue un creuseur. Une pratique mortelle dans une région où les phénomènes météorologiques violents s’intensifient.
La récurrence de ces foudroiements mortels à Dungu révèle un problème systémique. Entre l’absence de régulation étatique et la précarité économique qui pousse à prendre des risques insensés, un cercle vicieux se dessine. Les autorités locales promettent des « mesures », mais sur le terrain, rien ne change. Combien de morts faudra-t-il encore avant que la sécurité dans les mines artisanales ne devienne une priorité ?
Derrière chaque décès par foudre en RDC se cache un drame humain amplifié par la misère. Ces jeunes sacrifiés sur l’autel de l’or artisanal symbolisent l’urgence d’une politique préventive face aux dérèglements climatiques. Car si les orages sont imprévisibles, la vulnérabilité des travailleurs congolais, elle, reste hélas une constante trop longtemps ignorée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
