« L’heure est venue de se lever avec courage, discipline et foi pour accompagner le développement de notre pays ». Ces mots vibrants d’Albert Kankienza, président de l’ASBL des Compagnons de Daniel (CODAN), ont résonné comme un électrochoc lors de l’ouverture du symposium de Kinshasa ce mardi 22 juillet. Dans une salle comble où intellectuels et fidèles se pressaient, son appel pressant aux chrétiens congolais à s’engager activement pour la paix et le développement a tracé une ligne claire : la passivité n’est plus une option face aux défis qui secouent la RDC.
Placé sous le thème « Résolution concrète pour le développement de la RDC », ce rassemblement organisé par le CODAN – réseau d’intellectuels chrétiens – se veut bien plus qu’une simple tribune. Comment transformer la réflexion en action ? La question plane sur les débats consacrés aux enjeux brûlants de gouvernance, aux crises politiques et surtout à l’insécurité chronique dans l’Est du pays. Kankienza y a salué l’accord de paix récemment signé sous médiation américaine, y voyant une « lueur d’espoir » pour mettre fin aux conflits armés qui déchirent les provinces orientales depuis des décennies.
Pourtant, le ton s’est durci lorsque le pasteur a pointé du doigt ce qu’il nomme « la trahison silencieuse » de certains leaders religieux. « Tout dialogue qui nie la mémoire des victimes trahit la mission prophétique de l’Église », a-t-il martelé, dénonçant avec une colère contenue ces compromissions avec « ceux dont les mains portent le sang de nos frères et sœurs ». Un réquisitoire cinglant contre ceux qui, selon lui, bradent la dignité des martyrs congolais sur l’autel de fausses réconciliations. Peut-on vraiment bâtir une paix durable en effaçant d’un trait de plume la souffrance des communautés décimées ?
Dans l’assistance, des murmures approbateurs ont accueilli cette mise en garde. « Quand des pasteurs serrent la main des bourreaux sans exiger justice pour les veuves de Beni, c’est notre âme collective qu’ils vendent », confie sous anonymat un participant, la voix nouée. Ce symposium cristallise ainsi le dilemme congolais : comment concilier l’urgence de la paix avec l’exigence de vérité ? Pour le CODAN, la réponse se niche dans l’engagement chrétien ancré dans l’éthique et la justice sociale. Kankienza y voit un rempart contre « les compromissions qui rongent notre nation comme un cancer ».
Alors que les travaux se poursuivent jusqu’à vendredi, une évidence s’impose : ce forum dépasse le cadre théorique pour devenir un laboratoire d’espoir. Dans chaque atelier où l’on dissèque les mécanismes de la corruption, dans chaque débat sur la refonte des institutions, c’est l’avenir de la RDC qui se joue. Un avenir où, comme le clame Kankienza, « la discipline et la foi doivent remplacer la résignation ». Reste à savoir si cet appel trouvera écho au-delà des murs de la conférence, dans les églises, les universités et surtout dans le cœur des Congolais épuisés par les conflits mais assoiffés de paix véritable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net