Le sol de Kindu vibre d’une colère sourde ce lundi 21 juillet. Marcel Kasongo Tambwe, chef du secrétariat administratif du SAEMAPE Maniema, serre des documents qui tremblent dans ses mains. « Comment nourrir nos familles ? » lance-t-il, la voix nouée. Comme ses collègues du Service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale, il n’a pas touché un franc congolais depuis neuf longs mois. Ces régulateurs miniers, pourtant essentiels au contrôle des sites d’or et de coltan, survivent désormais à crédit chez les commerçants locaux.
Sur le terrain, la crise salariale SAEMAPE paralyse lentement l’administration minière Maniema. Ces agents, qui arpentent quotidiennement les zones d’extraction pour vérifier les carnets de creuseurs et prélever les taxes, travaillent désormais « à cœur perdu ». « Nous produisons des rapports mensuels, mais nos enfants dorment le ventre vide », confie un contrôleur sous couvert d’anonymat. La protestation secteur minier RDC prend ici un visage humain : des fonctionnaires en uniforme usé, incapables de payer le transport vers les sites reculés.
Le bureau provincial ressemble à un navire sans capitaine. Radio Okapi a tenté en vain d’obtenir des explications du directeur provincial. Ce mutisme aggrave la défiance des équipes. « Où passe l’argent des redevances minières que nous collectons ? » s’interroge Marcel Kasongo Tambwe, évoquant des dysfonctionnements dans la chaîne de paiement. La crise salariale SAEMAPE révèle des failles béantes dans la gouvernance locale. Comment une institution clé peut-elle ainsi sacrifier ses propres sentinelles ?
Derrière les salaires impayés agents miniers se cache un drame social en spirale. Plusieurs agents ont retiré leurs enfants de l’école, d’autres survivent grâce aux solidarités villageoises. Cette précarité menace directement le contrôle des mines artisanales, pourtant vital pour l’économie du Maniema. Si les régulateurs abandonnent leurs postes, qui empêchera la contrebande ou l’exploitation illégale ?
L’appel lancé au directeur général du SAEMAPE à Kinshasa résonne comme un ultime cri d’alarme. Les agents exigent un audit transparent des caisses provinciales et le versement immédiat des arriérés. La crédibilité de toute l’administration minière Maniema se joue dans cette crise. Car sans réaction rapide, c’est tout le système de régulation qui risque de s’effondrer, laissant le champ libre aux trafics et aux pratiques illicites. La balle est désormais dans le camp des décideurs nationaux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net