Dans les hauteurs de Bukavu, où la brume caresse les collines comme un rideau de scène naturel, une nouvelle reine du rire écrit sa légende. Irène Ziyiruka, à peine dix-neuf printemps, transforme l’art oratoire en arme de dérision massive, prouvant que les richesses du Sud-Kivu ne se limitent pas à ses minerais.
Qui aurait cru qu’en deux années seulement, cette prodige de l’humour congolais conquérirait les scènes francophones ? Son baptême au feu du Festival Zéro Polémik – véritable Mecque du stand-up à l’Est de la RDC – résonne encore dans les mémoires. Face aux monuments ivoiriens Gohou Michel et Boukary, son timbre juvénile a tenu tête aux géants, décochant des traits d’esprit acérés comme des cristaux de coltan.
Son ascension rappelle un conte moderne : après l’École Régionale de l’Humour, voilà qu’elle gravit les échelons de Mon Premier Montreux, ce concours panafricain révélateur de talents. De Cotonou à Douala, chaque scène fut un tremplin, chaque rire du public une consécration. Bien que la finale lui ait échappé, sa présence y résonna comme un manifeste : l’humour congolais a désormais son ambassadrice.
Le parcours d’Irène Ziyiruka dessine une cartographie culturelle inédite. À Goma pour le Canal Comedy Club, à Kigali lors de caravanes du rire transfrontalières, ou tête d’affiche de la 7e édition du Zéro Polémik, elle tisse sa toile avec une audace déconcertante. Son one woman show Et si je ne l’étais pas ? n’est pas un simple spectacle, mais une introspection espiègle où l’autodérision devient acte politique.
Dans cet univers où le rire sert de catharsis collective, Ziyiruka manie l’auto-ironie comme d’autres brandissent des slogans. Ses monologues, entre poésie urbaine et satire sociale, transpercent les non-dits avec la légèreté d’une plume et la précision d’un scalpel. « Notre humour est un miroir déformant », semble-t-elle murmurer entre deux éclats de rire franc comme les collines du Kivu.
Quel avenir pour cette comète de la scène congolaise ? Alors qu’elle confie ses ambitions au Desk Culture d’Actualité.cd, une évidence s’impose : Irène Ziyiruka incarne cette génération qui réinvente la narration comique africaine. Sans fard ni artifice, elle prouve que les trésors les plus précieux de la RDC ne gisent pas dans ses sous-sols, mais dans l’éclat jubilatoire de ses artistes.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd