Plus d’un mois après la déchéance du bureau de l’assemblée provinciale du Kasaï Central, l’institution demeure étranglée par des querelles politiques paralysantes. Le gouvernement central, pourtant intervenu par la voix de la vice-ministre de l’Intérieur Eugénie Tshiela, reconnaît son impuissance face à une situation où « la contestation de certains députés bloque l’élection d’un nouveau bureau ». Une impasse qui soulève des questions cruciales : jusqu’à quand les intérêts particuliers primeront-ils sur le fonctionnement démocratique des institutions ?
La stratégie de médiation initiée par le ministère de l’Intérieur, qui avait porté ses fruits au Sankuru et au Sud Ubangi, se heurte ici à un mur d’intransigeance. La réunion du 5 juillet dernier, convoquée pour établir un compromis entre les forces politiques représentatives, n’a produit que des déclarations d’intention sans traduction concrète. Cette incapacité à dénouer la crise assemblée provinciale Kasaï Central révèle-t-elle les limites de l’approche consensuelle face à des calculs partisans bien ancrés ?
Dans ce climat délétère, la Société congolaise pour l’État de droit (SCED) a brandi la menace d’une mobilisation citoyenne radicale. Son ultimatum d’une semaine aux députés pour résoudre leurs divergences sous peine d’exiger la fermeture de l’institution souligne l’exaspération croissante. Les tensions politiques pointées par la SCED reflètent un malaise profond : les représentants du peuple peuvent-ils indéfiniment paralyser la machine provinciale sans rendre de comptes aux citoyens ?
Le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a jeté de l’huile sur le feu lors d’une matinée politique mémorable. Accusant nommément Jean-Claude Tshilumbayi, premier vice-président de l’Assemblée nationale, et le ministre Jacquemain Shabani d’orchestrer ce « désordre » dans le but de déstabiliser le gouverneur en place, il a mis à nu les luttes d’influence qui gangrènent l’institution. Ce conflit provincial alimenté par des ambitions nationales illustre la perméabilité dangereuse entre les échelons du pouvoir.
La déchéance du bureau Kasaï Central, censée être un remède, s’est transformée en poison institutionnel. Alors que la médiation du ministère intérieur RDC patine, chaque acteur campe sur ses positions. Les accusations d’Augustin Kabuya contre des figures gouvernementales créent un paradoxe saisissant : le parti présidentiel dénonce-t-il ses propres ministres ? Cette confusion jette une lumière crue sur les fractures au sein même de la majorité.
Les prochains jours seront décisifs. L’expiration de l’ultimatum de la SCED coïncide avec une pression accrue sur les députés provinciaux. Si aucun déblocage n’intervient, la province risque de basculer dans une crise ouverte où l’assemblée deviendrait le théâtre d’affrontements extra-parlementaires. Le gouvernement central parviendra-t-il à imposer son autorité ou assistera-t-il impuissant à l’effritement de l’État de droit dans cette région stratégique ? L’enjeu dépasse désormais la simple élection d’un bureau : c’est la crédibilité même des mécanismes institutionnels congolais qui se joue à Kananga.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd