Dans un communiqué publié ce samedi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé sa disposition à jouer un rôle central dans la libération des personnes détenues par les forces armées congolaises (FARDC) et la rébellion de l’AFC-M23. Cette annonce fait suite à la signature, le week-end dernier à Doha, d’une Déclaration de principes entre les belligérants, recommandant explicitement la mise en place d’un mécanisme facilité par l’organisation humanitaire pour organiser ces libérations.
Mirjana Spoljaric, présidente du CICR, a souligné l’importance symbolique de cette initiative : “Notre équipe en RDC aidera à faciliter la libération des détenus dans les deux camps afin qu’ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité”. Elle y voit une première étape cruciale dans l’édification de la confiance entre les parties, rappelant que “les initiatives humanitaires telles que les libérations de détenus sont souvent les premières étapes qui permettent d’instaurer la confiance sur le long chemin vers la paix”. Cette intervention du CICR Congo s’inscrit dans le cadre plus large du processus de paix dans l’Est Congo, marqué par des décennies de violence.
La cheffe du CICR a salué la Déclaration de Doha comme une opportunité historique pour la région, évoquant un “conflit brutal qui sévit dans l’est de la RDC [ayant] piégé des générations de civils dans un cycle de souffrances”. Elle relie cet accord aux récents développements diplomatiques, notamment l’accord signé entre la RDC et le Rwanda à Washington le mois dernier. Combien de temps faudra-t-il pour que ces promesses se transforment en paix tangible pour les populations meurtries ?
Le communiqué rappelle le rôle actif du CICR dans la région, notamment lors de la visite de Mme Spoljaric en mai dernier au Rwanda et en RDC, où elle avait rencontré les dirigeants des deux pays. L’organisation s’appuie sur une expérience concrète : entre avril et mai dernier, elle a supervisé le transfert de plus de 1 300 personnes désarmées des FARDC et de leurs familles de Goma à Kinshasa, une opération complexe de 2 000 kilomètres menée en tant qu’intermédiaire humanitaire neutre.
Si le mécanisme de libération des détenus AFC-M23 et FARDC est désormais acté, les modalités pratiques restent à préciser. Interrogé sur RFI ce lundi, Jacquemain Shabani, vice-Premier ministre congolais chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, a indiqué que les détails seront finalisés lors de la signature de l’accord de paix définitif dans les prochains jours à Doha. “Il faut attendre encore quelques jours pour la signature de ce document final, qui va définir les conditions dans lesquelles les différents prisonniers pourront être libérés”, a-t-il déclaré. Cette prudence contraste avec les revendications du M23, qui affirme détenir plus de 700 de ses combattants captifs.
Cette libération annoncée des détenus représente-t-elle un tournant décisif ou un simple répit dans un conflit complexe ? L’efficacité de ce mécanisme piloté par le CICR sera un test crucial pour la crédibilité du processus de paix. Les populations de l’Est Congo, après trente ans de souffrances, observent ces développements avec un mélange d’espoir et de scepticisme, alors que la stabilité régionale reste suspendue à la bonne foi des signataires et à la robustesse des garanties internationales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
