Imaginez marcher dans les rues de Boikene, ce quartier populaire de Beni, et buter soudain sur un amas fétide d’ordures ménagères abandonnées au coin d’une avenue. Cette scène insalubre, trop fréquente dans la commune de Ruwenzori, a poussé le bourgmestre Rémy Masashi à lancer un avertissement sévère contre les incivilités environnementales qui défigurent la ville du Nord-Kivu. « Nous déplorons le comportement de certains jeunes transportant les immondices à bord de triporteurs », déplore-t-il, la voix chargée d’une frustration palpable face à ce fléau urbain.
Le cœur du problème ? Ces motos triporteurs chargées d’immondices qui, au mépris des règles élémentaires de salubrité, déchargent leur cargaison n’importe où : dans des concessions vacantes du quartier Ngadi, le long des artères publiques de Ngite, ou pire, à proximité immédiate des habitations de Boikene. « Peut-être pour réduire la distance jusqu’au dépotoir de Nzuma », soupçonne l’autorité communale, pointant une logique de facilité qui empoisonne le quotidien des Benois. Combien de fois des mères de famille ont-elles vu des sacs plastiques éventrés souiller les abords de leur maison ?
L’avertissement du bourgmestre Ruwenzori sonne comme un ultimatum : ces pratiques répréhensibles doivent cesser immédiatement. Le dépotoir officiel de Nzuma reste la seule destination légitime pour ces déchets Beni. Mais pourquoi cette résistance persiste-t-elle malgré les risques sanitaires évidents ? Le commissaire Masashi en appelle au bon sens et au civisme des transporteurs : « Il est temps de prendre conscience que chaque dépôt sauvage contribue à dégrader notre environnement commun ».
Cette crise des triporteurs immondices dépasse la simple question de propreté. Elle révèle un malaise social profond dans cette région du Nord-Kivu, où l’incivisme ronge le tissu urbain comme une gangrène. Les conséquences sont tangibles : prolifération de maladies hydriques, dégradation accélérée des infrastructures, et cette insidieuse normalisation de l’insalubrité qui mine la dignité des habitants. Jusqu’à quand supporterons-nous cette pollution visuelle et olfactive qui souille notre espace de vie ?
Face à l’urgence, le bourgmestre promet des campagnes de sensibilisation sur le terrain. Une initiative nécessaire mais suffira-t-elle à enrayer des habitudes ancrées ? La solution pourrait résider dans une approche duale : sanctionner exemplairement les contrevenants tout en facilitant l’accès au site de Nzuma. Car derrière ces gestes inciviques se cachent aussi des réalités économiques – ces conducteurs de triporteurs cherchant parfois à économiser du carburant au détriment de l’intérêt général.
L’enjeu dépasse la gestion des déchets Beni ; c’est notre rapport à l’espace public et à la responsabilité collective qui est en jeu. Si l’avertissement du bourgmestre Ruwenzori marque un premier pas, la bataille contre l’incivisme Nord-Kivu nécessitera une mobilisation de tous : autorités, transporteurs, et citoyens. Car chaque sac poubelle jeté dans une cour vide est un coup porté à la santé et à la fierté de toute une communauté.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
