Alors que la République démocratique du Congo navigue en eaux troubles depuis 2020, secouée par une triple crise politique, sécuritaire et sociale, la voix d’Aubin Minaku résonne avec une insistance particulière. Le vice-président du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) martèle son plaidoyer pour un dialogue national inclusif, présenté comme l’unique rempart contre l’effritement continu de l’État.
Dans une intervention teintée d’urgence, Minaku réagissait ce dimanche 20 juillet à la déclaration de principe scellée la veille entre Kinshasa et l’AFC/M23, sous l’égide du Qatar. Si ce rapproment tactique est salué comme un « pas nécessaire », le poids lourd politique le relègue au rang de simple prélude. « Seule une concertation élargie à toutes les forces vives de la nation permettra d’aboutir à une solution durable », assène-t-il, transformant la signature en tremplin vers des négociations plus substantielles.
Cette position soulève des questions cruciales sur la gestion des crises cycliques qui minent le pays. Minaku, stratège aguerri, pointe sans ambages les démons congolais : la mauvaise gouvernance et la corruption systémique, ces « cancers » qui alimentent les instabilités récurrentes. Son appel aux « patriotes » pour embrasser la voie du dialogue global cache-t-il une critique voilée des approches fragmentaires du pouvoir ? L’insistance sur l’inclusivité résonne comme un désaveu des solutions cloisonnées, incapables selon lui de tarir les sources profondes des conflits.
Le contexte sécuritaire, notamment la persistance des activités de groupes comme le M23 dans l’est du pays, confère à cet appel une acuité brûlante. La déclaration AFC/M23, bien que saluée, apparaît dans ce raisonnement comme un sparadrap sur une fracture béante. Minaku suggère que sans architecture politique globale, ces accords ponctuels resteront des châteaux de sable face à la marée des défis structurels. La RDC peut-elle se permettre de négocier par fragments alors que les fondements de l’État tremblent ?
L’analyse dévoile les calculs sous-jacents : en brandissant l’étendard du dialogue national, le PPRD positionne Aubin Minaku en faiseur de consensus, tout en distançant son héritage politique des errances actuelles. Cette stratégie habile interroge la capacité des institutions à endiguer la déliquescence par des moyens conventionnels. Si la crise politique congolaise exige des remèdes radicaux, le dialogue prôné par Minaku représente-t-il une feuille de route ou un vœu pieux dans un paysage fracturé ?
L’avenir immédiat se jouera sur la réception de cet appel par les autres acteurs clés. Les prochains jours révéleront si cette proposition émerge comme une boussole ou sombre dans l’indifférence des calculs partisans. Une certitude demeure : sans mécanisme crédible pour canaliser les tensions, la RDC risque de voir la déclaration AFC/M23 rejoindre le cimetière des initiatives avortées, laissant intact le nœud gordien de la crise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net