Dans un contexte politique congolais marqué par des cycles électoraux souvent tumultueux, le sénateur Norbert Basengezi a lancé un appel préventif lors d’une matinée politique à Kinshasa. Ce vétéran des institutions électorales congolaises a insisté sur la nécessité d’engager dès maintenant une réflexion approfondie concernant les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales, et ce, bien avant l’échéance des scrutins de 2028. Une position qui interroge : faut-il attendre la veille des élections pour moderniser notre cadre juridique ?
Devant un parterre de partisans et d’activistes de la société civile réunis ce samedi 19 juillet, l’élu a dressé un constat sans concession. Selon son analyse, chaque innovation électorale introduite à la hâte en période pré-électorale en République Démocratique du Congo génère systématiquement des tensions et des controverses majeures. Cette observation, nourrie par sa double expérience en tant que vice-président de la CEI puis de la CENI, fonde sa conviction : seule une révision anticipée peut garantir des processus électoraux apaisés.
Le sénateur identifie plusieurs textes légaux nécessitant une mise à jour urgente. La Constitution elle-même figure en tête de liste, suivie de la loi organique régissant l’organisation et le fonctionnement de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). S’y ajoutent la législation relative à l’identification et l’enrôlement des électeurs, ainsi que le code électoral dans son ensemble. Basengezi justifie cette exigence par l’obsolescence croissante de dispositifs conçus voici plus de deux décennies : « Les réalités ont évolué. Ayant été vice-président à deux reprises de la CEI et de la CENI, je peux affirmer que les défis d’alors ne sont plus ceux d’aujourd’hui », a-t-il déclaré devant son auditoire.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche collaborative inédite. Le parlementaire entend recueillir les contributions de la société civile et des formations politiques avant de porter ces propositions de réformes électorales devant les deux chambres du Parlement. Une approche participative qui contraste avec les traditionnelles improvisations de dernière minute. Toutefois, Basengezi a tenu à rappeler une contrainte constitutionnelle majeure : l’impossibilité de modifier la Loi fondamentale durant la période d’état de siège en vigueur dans l’Est du pays. Cette limitation soulève une question cruciale : comment concilier urgence des réformes et respect des dispositions exceptionnelles ?
La position du sénateur ouvre un débat stratégique sur la gouvernance électorale en RDC. En proposant d’anticiper de trois ans la révision des mécanismes électoraux, il suggère une rupture avec des pratiques souvent sources de crises post-électorales. Son expertise institutionnelle lui permet d’identifier avec précision les lacunes d’un système conçu pour répondre à des défis aujourd’hui dépassés. Reste à savoir si cette vision préventive trouvera écho auprès des autres acteurs politiques à l’approche des élections 2028. L’enjeu dépasse la simple mise à jour technique : il s’agit ni plus ni moins de consolider la crédibilité des futures consultations populaires en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net