L’actualité congolaise de la semaine écoulée oscille entre l’espoir d’un retour à la paix et la persistance de crises multiformes. Si la signature d’accords à Doha avec le M23 et l’offensive pour une réforme institutionnelle font naître de nouvelles attentes, la réalité du terrain, marquée par des violences meurtrières, des naufrages et une érosion sociale profonde, expose le chemin ardu qu’il reste à parcourir. Où va la RDC face à ces défis inextricables ?
Sur fond d’une actualité effervescente, deux thèmes dominent : l’enjeu sécuritaire et la gouvernance. La RDC a été, ces sept derniers jours, le théâtre d’une série d’événements tantôt porteurs d’espoir, tantôt symptomatiques d’un malaise structurel. À l’avant-scène : la déclaration de principes signée à Doha entre le gouvernement et le M23, qui marque un potentiel tournant dans l’interminable crise de l’Est. Le dialogue, salué par la société civile et encadré par des médiations qataries et africaines, laisse entrevoir, au-delà des mots, un engagement — encore fragile — vers le retrait rebelle et une restauration de l’État. Pourtant, le terrain tempère cet optimisme : affrontements, massacres en Ituri, embuscades à Djugu et glissements de terrain meurtriers à Lomera rappellent chaque jour la réalité de l’insécurité et l’immense vulnérabilité des populations.
Cette quête de paix s’accompagne d’une exigence nouvelle pour réformer la gouvernance. Qu’il s’agisse du plaidoyer de Basengezi en faveur d’une révision constitutionnelle avant 2028, ou de l’audit des finances publiques lancé par le PAGASE, l’urgence de moderniser des institutions jugées défaillantes est partagée par nombre d’acteurs. Les récentes polémiques sur la gestion du partenariat sportif, les ruptures administratives dans le Haut-Katanga ou les conflits à Kananga illustrent combien la crédibilité et l’efficacité de l’État sont questionnées, tant au niveau central que local.
Le malaise social, lui, s’invite partout : grèves à répétition chez les agents de santé, éducation fragilisée par l’insécurité (plus de 250 écoles fermées au Nord-Kivu), drames humanitaires à Walikale et Fizi, pirogues chavirées sur le lac Kivu par négligence d’État. À chacune de ces tragédies répond un sentiment d’abandon, une défiance accentuée par les promesses non tenues — telles que la sécurisation du transport lacustre tant attendue depuis de longues années. Si la nomination de personnalités féminines inspirantes, les innovations dans le secteur énergétique (brevet lithium pour Sandrine Mubenga) et d’ambitieuses réformes sociales offrent quelques lueurs, ils ne masquent pas la gravité d’une crise qui menace la cohésion nationale.
Mais la RDC peut-elle inverser la tendance ? Les échos de l’international, du soutien américain et français aux dénonciations de l’ONU face aux discours de haine ou à l’impunité, rappellent que la République ne manque pas d’alliés ni d’atouts. Pourtant, l’urgence de réconcilier la parole politique et la réalité sociale, de rendre l’État réellement proche de son peuple, n’a sans doute jamais été aussi impérieuse.
La RDC se trouve à la croisée des chemins : entre les fragiles promesses de la diplomatie et l’urgence des chantiers intérieurs, il appartient à chacun — décideurs, société civile, communauté internationale, mais aussi citoyens — de refuser la fatalité et de réclamer des avancées concrètes. Nous appelons les autorités à rompre avec la gestion d’urgence, à restaurer la justice et à engager la réforme institutionnelle que le contexte exige. L’heure n’est plus aux pactes de façade, mais à l’action résolue pour la sécurité, l’éthique publique et la dignité. Le destin du Congo, loin de se jouer à huis clos, doit se conjuguer au présent, dans la transparence et l’engagement collectif.
— La Rédaction de CongoQuotidien