Sous le ciel de Kinshasa, le jardin de la Primature s’est transformé en écrin de mémoire ce samedi 19 juillet. L’air vibrait d’une solennité rare tandis que se célébrait le centenaire Lumumba, cent ans après la naissance de Patrice Emery Lumumba, Premier ministre martyr de la jeune République démocratique du Congo. Entre ombres du passé et lueurs d’espérance, cette commémoration indépendance RDC réunissait un cercle d’initiés : anciens Premiers ministres aux regards empreints d’histoire, membres de la famille biologique du héros, et jeunes élèves portant comme un étendard le nom de l’Institut Lumumba.
Le directeur de la Fondation Lumumba, voix tremblante d’émotion contenue, a ressuscité l’épopée flamboyante : « Aucun Congolais ne pourra oublier que cette indépendance fut conquise dans le feu et le sang. Une lutte noble qui nous enorgueillit jusqu’à la moelle. » Ses mots, tranchants comme des sagaies, rappelaient ce Patrice Emery Lumumba intrépide qui défia le joug colonial. Dans l’assistance, les paupières se mouillaient au souvenir de ce combat payé au prix ultime.
Parmi les héritiers spirituels, Gaël Kintawudi, élève en quatrième humanités, incarnait la relève. Son timbre juvénile résonna comme un serment : « Son héritage Lumumba? La défense sacrée de notre intégrité territoriale. » Une parole qui trouvait écho chez Juliana Lumumba, fille du héros national. Son intervention, teintée de fierté douloureuse, lança un appel vibrant contre « le tribalisme et les antivaleurs qui entravent notre développement ».
Mais c’est la Première ministre Judith Suminwa qui insuffla une dimension prophétique à cette journée mémorable. Devant les reliques symboliques du père de l’indépendance, elle scella l’avenir au passé : « Le gouvernement s’engage à faire renaître Lumumba-ville Sankuru. » Ce projet pharaonique, né en 2021 dans la terre natale du héros, promet bien plus qu’une cité. Un sanctuaire dédié à l’éducation, à la culture et à l’essor économique, monument vivant à la gloire de celui dont le sang féconda la liberté congolaise.
Quel sens donner aujourd’hui au sacrifice de l’enfant d’Onalua, assassiné en 1961 dans la fleur de l’indépendance? Les murs de la Primature semblent encore bruisser de son discours prophétique. Alors que la commémoration indépendance RDC s’achevait dans les derniers rayons du soleil, une certitude étreignait les cœurs : Lumumba n’est point mort. Il renaît dans ces élèves qui étudient sous son nom, dans cette ville à naître au Sankuru, dans chaque Congolais refusant la division. Son centenaire n’est point un épitaphe, mais un germe. Et qui pourrait douter que de ce jardin kinois, où l’on célébra sa mémoire, ne jaillisse une nouvelle moisson de dignité?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net