Une enquête internationale coordonnée par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), relayée par ACTUALITÉ.CD, plonge le ministre Guy Loando Mboyo au cœur d’une tempête médiatique. Les révélations pointent un possible conflit d’intérêts dans l’attribution de sous-traitance SIC pour le chantier stratégique de l’autoroute Kinshasa-Matadi, accusant la société d’être liée à sa famille et d’avoir bénéficié de 70 millions de dollars de contrats publics depuis 2019. Face à ces accusations, le ministre d’État a opposé un déni catégorique, qualifiant le rapport de « campagne infondée et politiquement orientée ».
Lors d’une mise au point officielle, Maître Loando a opéré une distinction juridique cruciale : « Les gens confondent Guy Loando, ministre en 2021, et Guy Loando avocat. J’ai scrupuleusement déclaré mon patrimoine à la Cour constitutionnelle, conformément au code de conduite des agents publics. » Cette défense s’appuie sur un argument temporel central : les faits reprochés seraient antérieurs à sa nomination au gouvernement. Le ministre nie toute implication dans la gestion de la SIC ou dans l’attribution des contrats du projet routier, soulignant qu’aucun réquisitoire judiciaire n’a été émis par l’Inspection Générale des Finances (IGF) malgré leurs propres investigations sur d’éventuelles surfacturations.
La enquête PPLAAF RDC aurait-elle des motivations obscures ? Le timing interroge : sa publication survient deux semaines après la promulgation par le Président Tshisekedi de la loi sur l’aménagement du territoire, réforme majeure portée par le ministre aménagement territoire depuis 2021. Dans un communiqué cinglant, son cabinet dénonce « un rapport chargé d’amalgames » qui « discrédite la lutte anticorruption lorsqu’elle devient instrument de règlement de comptes ». Cette défense pose une question rhétorique : jusqu’où les rivalités politiques peuvent-elles instrumentaliser les mécanismes de redevabilité ?
Guy Loando réaffirme pourtant son engagement dans la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement, aux côtés du Président Tshisekedi et de la Première ministre Suminwa. Mais l’ombre persistante sur la SIC sous-traitance risque d’obscurcir son mandat. Si les preuves formelles manquent à ce stade, la récurrence des allégations de Guy Loando corruption dans les grands projets d’infrastructure interpelle. Le ministre joue désormais une partie d’échecs où sa crédibilité institutionnelle et l’avenir de la RN1 sont en jeu. Sa capacité à dissiper les doutes dépendra de la transparence des prochaines audits – et de la volonté politique d’éclaircir ces zones d’ombre qui entachent la gouvernance congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd