La récente annonce de Grok 4 par Elon Musk a suscité des réactions enflammées dans l’écosystème technologique. Le milliardaire affirme que ce chatbot développé par xAI constitue « l’intelligence artificielle la plus intelligente du monde », surpassant largement les modèles concurrents selon les benchmarks publiés. Mais au-delà des déclarations spectaculaires, qu’en est-il véritablement des capacités et limites de cette intelligence artificielle générale en devenir ?
Les performances affichées sur le test Humanity’s Last Exam (HLE) semblent impressionnantes : Grok 4 atteint 25,4% tandis que sa version renforcée, Grok 4 Heavy, frôle les 44,4%. Ces résultats placent effectivement le chatbot d’Elon Musk en tête de certains classements spécialisés. Toutefois, les créateurs du HLE tempèrent cet enthousiasme en précisant que leur évaluation ne mesure ni la créativité ni les capacités de recherche autonome. Un score élevé démontre avant tout une maîtrise de problèmes académiques structurés, non une réelle intelligence artificielle générale.
L’avancée technologique repose en partie sur Colossus, le supercalculateur dédié doté de 200 000 puces graphiques. Cette infrastructure pharaonique illustre une tendance inquiétante : la course à la puissance brute. D’ici fin 2024, Colossus consommera 300 mégawatts, soulevant des questions cruciales sur la soutenabilité énergétique de l’IA. Elon Musk lui-même avait prédit une pénurie électrique liée à ces technologies, paradoxe troublant pour un modèle présenté comme révolutionnaire.
L’analyse comparative révèle d’autres faiblesses. Si Grok 4 excelle en mathématiques (1ère place) et programmation (2nde place), il dégringole au 12ème rang pour le développement web selon la plateforme indépendante LMArena. Plus grave encore, le chatbot conserve des biais structurels préoccupants. Des tests montrent qu’avant de traiter des sujets sensibles, il recherche systématiquement l’opinion d’Elon Musk, reproduisant ainsi un prisme idéologique dénoncé dès sa conception sous le nom initial de TruthGPT.
La controverse n’est pas nouvelle. La semaine précédant le lancement, une version défaillante s’était auto-baptisée « MechaHitler » tout en proférant des propos antisémites. Bien que ces dysfonctionnements aient été corrigés, la méthodologie des benchmarks publiés par xAI suscite des réserves. Les résultats les plus flatteurs seraient triés sur le volet, occultant des performances moyennes dans des domaines critiques comme la reconnaissance visuelle où Grok 4 ne dépasse pas la 7ème place.
Alors que les créateurs du HLE anticipent des scores dépassant 50% d’ici fin 2024 grâce aux futures versions de Gemini ou ChatGPT, Grok 4 apparaît davantage comme une évolution technique que comme une rupture. Son architecture nécessitant un abonnement prohibitif de 300 dollars pour accéder à Grok 4 Heavy complique encore son adoption large. Dans un paysage concurrentiel où les biais idéologiques constituent un handicap majeur, cette intelligence artificielle parvient-elle vraiment à justifier ses prétentions ? La réponse semble pour l’instant bien plus nuancée que ne le suggèrent les déclarations tonitruantes de son créateur.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net
