Les négociations cruciales se déroulant à Doha entre la République démocratique du Congo et les représentants de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23) progressent vers l’adoption imminente d’une déclaration de principes. Selon des sources diplomatiques concordantes, ce document constitue une avancée significative dans le processus paix Grands Lacs, bien qu’il ne représente pas encore un cessez-le-feu officiel. Cette étape marquerait le deuxième engagement formel entre les parties depuis la déclaration conjointe du 22 avril 2025, témoignant d’une dynamique diplomatique fragile mais persistante. Initialement prévue ce vendredi, une conférence de presse annonçant ces développements a été reportée à samedi, suscitant des interrogations sur les derniers points de friction.
Ces pourparlers s’inscrivent dans le prolongement du cadre diplomatique initié à Washington, où un précédent jalon avait été posé. Le 25 avril dernier, la RDC et le Rwanda signaient une première déclaration de principes RDC Rwanda sous égide américaine, suivie le 27 juin d’un accord bilatéral RDC historique scellant leur engagement mutuel. Le processus actuel à Doha élargit notablement la table des négociations : aux délégations congolaise et du M23 s’ajoutent désormais des officiels rwandais ainsi que l’émissaire spécial américain pour les Grands Lacs, Massad Boulos. Cette configuration inédite illustre la médiation États-Unis AFC renforcée, visant à établir un dialogue inclusif capable d’enrayer définitivement les cycles de violence dans l’Est congolais.
Parallèlement à ces avancées qataries, Kigali a franchi une étape institutionnelle majeure. Le président Paul Kagame a présidé mercredi un Conseil des ministres à Urugwiro Village entérinant formellement l’accord bilatéral de paix signé avec la RDC le 27 juin. Dans un communiqué officiel, le gouvernement rwandais a qualifié cette ratification de “tournant décisif vers la stabilité régionale et l’intégration économique”. Plus significatif encore, Kigali a explicitement exprimé son soutien aux négociations Doha RDC M23 en cours, soulignant sa “volonté inébranlable” de mettre en œuvre les engagements pris. Cette position cohérente du Rwanda, acteur clé dans la crise sécuritaire à l’Est de la RDC, injecte une dose d’optimisme mesuré dans un processus diplomatique encore précaire.
L’architecture de paix qui se dessine repose ainsi sur deux piliers interdépendants : l’axe bilatéral RDC-Rwanda d’une part, et le volet inclusif intégrant le M23 d’autre part. Les observateurs régionaux notent toutefois que cette dualité comporte des risques intrinsèques. Comment garantir la cohérence entre les engagements pris à Washington et ceux en discussion à Doha ? La question des modalités concrètes de démobilisation des combattants du M23 et du contrôle des zones contestées reste notamment épineuse. L’absence encore de mécanisme de vérification conjoint alimente également les scepticismes. Pourtant, la présence continue de Massad Boulos comme facilitateur principal offre un gage de crédibilité à ce processus paix Grands Lacs, les États-Unis jouant un rôle d’arbitre incontournable depuis le début des négociations.
Si la déclaration de principes en préparation constitue un progrès symbolique important, sa traduction opérationnelle sur le terrain constituera le véritable test. L’histoire conflictuelle de la région rappelle que les accords signés dans les capitales ont souvent échoué à calmer les armes dans le Kivu. La médiation États-Unis AFC parviendra-t-elle à briser cette malédiction ? La réponse dépendra largement de la capacité des signataires à transformer ces engagements en mesures tangibles : retrait des positions militaires, ouverture de corridors humanitaires et lancement effectif des programmes de réinsertion. À l’heure où les populations de l’Est congolais attendent des actes plus que des paroles, la communauté internationale garde les yeux rivés sur Doha où se joue peut-être, une fois encore, l’avenir immédiat des Grands Lacs.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd