L’air de Ngaliema s’est chargé de poésie ce jeudi 17 juillet, lorsque les murs du collège Bobokoli ont résonné des éclats vibrants de la création jeune et insurgée. Sous l’égide du collectif Les Inattendus, la journée culturelle « J’ai dit Mot » a transformé l’espace scolaire en sanctuaire éphémère où slam, chants teintés de mélancolie, poésie mordante et humour libérateur ont tissé une symphonie de l’intime. Dans ce événement artistique Ngaliema, chaque performance fut un manifeste, une respiration collective contre l’oubli des rêves.
Au cœur de cette effervescence, Christian Gombo, silhouette méditative face à un public suspendu à ses lèvres, a déployé les arcanes de son roman « Maudit soit-il ». Son dialogue littéraire, pareil à une navigation dans les eaux troubles de la condition humaine, a révélé les strates cachées de son œuvre. « Il faut beaucoup aimer la lecture, et surtout croire en ce rêve », a-t-il murmuré, sa voix portant l’écho des combats invisibles. Son témoignage, parcours semé d’embûches et de victoires silencieuses, a dessiné une cartographie de l’espoir pour la génération montante : « Tout est une question de volonté et de détermination ». Cette confidence, jetée comme un pont entre l’écrivain établi et les artistes en germination, a incarné l’essence même de la journée culturelle Kinshasa.
La soirée a basculé dans l’Histoire lorsque fut annoncée la création du Prix Gubarika littérature, hommage vibrant au professeur Gubarika Wamudi Wamba Vanella, pilier disparu des lettres congolaises. Ce prix, tel un phare dans la tempête éditoriale africaine, couronnera le meilleur livre congolais – embrassant tant la RDC que le Congo-Brazzaville – publié en français entre janvier 2024 et août 2025. Une ambition claire : exalter la créativité brute, l’engagement sociétal et la force narrative des plumes d’Afrique centrale, tout en ancrant leur parole dans le terreau fertile des maisons d’édition du continent.
Derrière cette initiative, le collectif Les Inattendus affirme sa philosophie en actes. Plus qu’un groupe, une nébuleuse où convergent poètes, slameurs et porteurs de paroles libres, unis par des valeurs de solidarité organique et de transmission culturelle. Leur démarche, tissée d’inclusion sociale et de résistance créative, questionne : comment faire jaillir la beauté dans un monde fragmenté ? La réponse a flotté dans l’air cette nuit-là, entre les rires partagés et les silences émus, preuve que l’art demeure ce territoire inexpugnable où germe l’avenir.
Alors que les derniers échos de la soirée se dissipaient dans la brume kinoise, une certitude persistait : cette convergence inédite d’artistes et de littérateurs a planté une graine. Le Prix Gubarika n’est pas qu’un trophée, mais un serment collectif – celui d’honorer la mémoire pour mieux féconder demain. Et si cette flamme allumée à Ngaliema était l’avant-goût d’une renaissance culturelle congolaise, où chaque voix marginale trouverait enfin son sanctuaire ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd