Un drame sanglant a secoué le secteur de Nvunayi, territoire de Kabinda, dans la province de Lomami. Mercredi 16 juillet, un militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et un membre de la Police nationale congolaise (PNC) ont été décapités par des civils. Cette violence extrême survient dans le contexte d’un conflit coutumier opposant deux tribus locales, les Belande Ngoya et les Bakoji Mualaba, plongées dans une dispute foncière explosive.
Selon des témoins sur place, l’incident découle d’une bagarre meurtrière éclatée entre ces communautés. Le différend, qualifié de conflit tribal par l’administrateur du territoire Gédéon Ngoyi, porte sur les limites territoriales de leurs villages respectifs. Comment une simple démarcation de terres a-t-elle pu dégénérer en une telle barbarie ? La tension, latente depuis des semaines, s’est brutalement intensifiée il y a quelques jours. Des habitants du village Nkuanga ont alors arrêté une mère de famille accompagnée de ses deux enfants, un geste qui a jeté de l’huile sur le feu.
Si la femme a été libérée sans violence à midi, les représailles n’ont pas tardé. Vers 15 heures, des résidents de Kapamba ont à leur tour appréhendé une femme originaire de Nkuanga. Emmenée vers une destination inconnue, cette dernière reste portée disparue à ce jour. Cette spirale d’enlèvements a créé un climat de terreur propice aux pires excès.
Le paroxysme de la violence a été atteint avec la décapitation du militaire et du policier. Les circonstances précises de leur présence et de leur assassinat demeurent nébuleuses. « Nous ne comprenons pas encore comment ces éléments des forces de sécurité ont été pris pour cible », a déclaré Gédéon Ngoyi, soulignant le caractère inédit de l’événement. Les victimes, dont l’identité et l’unité d’affectation n’ont pas été révélées, semblent avoir été prises au piège d’une confrontation qu’elles ne maîtrisaient pas.
Parallèlement à ces meurtres, plusieurs habitations des villages de Kapamba et Nkuanga ont été réduites en cendres. Face à l’escalade des violences, des centaines de civils ont fui vers la forêt voisine, cherchant une protection précaire contre les exactions. Ce déplacement massif aggrave une situation humanitaire déjà tendue dans cette zone reculée de la Lomami.
L’administrateur de Kabinda lance un appel pressant aux gouvernements central et provincial. Il réclame l’envoi immédiat de renforts militaires pour rétablir l’ordre et sécuriser la région. « Seule une présence accrue des forces régulières peut empêcher de nouvelles pertes humaines », insiste-t-il. Cette dispute foncière en RDC, transformée en conflit tribal meurtrier, expose la fragilité chronique de la cohabitation communautaire dans certaines zones rurales.
Des questions cruciales demeurent sans réponse. Pourquoi les mécanismes traditionnels de résolution des conflits ont-ils échoué ? Quelles mesures seront prises pour localiser la femme disparue et protéger les déplacés ? L’actualité à Kabinda reste marquée par l’urgence d’une médiation avant que d’autres vies ne soient sacrifiées sur l’autel de rivalités ancestrales. La province de Lomami retient son souffle, espérant une intervention rapide qui mettra fin à ce cycle infernal.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net