Armés de balais et de sacs poubelles, plus de 200 jeunes volontaires envahissent trois fois par semaine les artères de Beni. Leur cible ? Les montagnes de déchets qui suffoquent la ville du Nord-Kivu. Une mobilisation citoyenne orchestrée par l’association AJLAM, qui transforme l’assainissement environnemental en rempart contre les fléaux sociaux.
Depuis la semaine dernière, le boulevard Nyamwisi et les marchés Kilokwa et Mayangose renaissent sous l’action énergique de ces jeunes. Même sans équipements fournis, ils déblaient caniveaux obstrués et éliminent les dépotoirs sauvages. Chaque geste s’accompagne d’une sensibilisation porte-à-porte : « Un environnement sain est notre première défense contre les maladies », rappellent-ils aux riverains sceptiques. Cette opération de nettoyage Beni devient peu à peu un laboratoire d’engagement citoyen.
Josué Ishara Mitute, coordonnateur d’AJLAM, souligne l’urgence de ce double combat : « Notre objectif ? L’assainissement intégral de Beni. Mais chaque sac ramassé est aussi une arme contre le chômage qui pousse nos frères vers les groupes armés ou la prostitution ». Dans cette région meurtrie, où 60% des moins de 25 ans sont sans emploi, l’association offre plus qu’un nettoyage : elle crée un cadre structurant. Ces jeunes volontaires Nord-Kivu trouvent ici une dignité et une raison de résister à l’embrigadement.
Pourtant, l’élan se heurte à un mur financier. Fonctionnant sur fonds propres, AJLAM lance un cri d’alarme : « Sans partenaires, comment pérenniser nos actions ? ». L’association s’inspire de la vision présidentielle sur l’entrepreneuriat jeune, rêvant de transformer ces brigades vertes en coopératives de recyclage. Car derrière les ordures ramassées se cache un potentiel économique inexploité – plastiques à valoriser, déchets organiques à composter.
La lutte contre le chômage RDC passe aussi par ces initiatives locales. Josué Ishara y voit une semence d’espoir : « Préparer demain, c’est empêcher notre jeunesse de sombrer aujourd’hui ». Alors que les rues de Beni retrouvent leur visage, une question persiste : jusqu’à quand cette jeunesse devra-t-elle porter seule le fardeau de l’assainissement environnemental ? Leur combat exige désormais un écho au-delà du Nord-Kivu – un appel à soutenir celles et ceux qui nettoient l’avenir à mains nues.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net