Les attaques armées contre les civils se poursuivent sans relâche dans le territoire de Djugu, en province de l’Ituri. Les zones de santé de Nizi, Tchomia, Fataki et Drodro subissent une recrudescence de violences, selon le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) couvrant le mois de juin.
Entre le 1er et le 30 juin, au moins 25 civils ont été tués lors d’affrontements et d’attaques ciblées. L’épisode le plus meurtrier a frappé le site de déplacés internes de Djangi, en zone de santé de Drodro, le 27 juin. Des sources locales confirment que onze personnes ont perdu la vie dans cette attaque, tandis qu’une dizaine d’autres ont été blessées. Cette violence à Drodro illustre l’escalade du conflit armé en Ituri.
En raison de la persistance des hostilités, environ 9 300 personnes ont dû fuir vers la zone de santé de Lita, considérée comme plus sûre. Le rapport OCHA RDC alerte sur une dégradation accrue de la situation sécuritaire. De nouveaux déplacements de populations sont redoutés, pesant sur des communautés hôtes déjà exsangues. La situation humanitaire risque de se détériorer davantage dans cette région instable.
Comment expliquer cette incapacité à protéger les civils ? Les déplacés de Djugu paient un lourd tribut depuis le début de l’année. Un précédent rapport d’OCHA publié en mars 2025 faisait déjà état de 100 000 personnes ayant fui les violences dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa. Les deux premiers mois de 2025 avaient été particulièrement sanglants, avec 205 civils tués dont près de la moitié en février. Parmi les victimes figuraient des femmes et des enfants, selon les données onusiennes.
En février toujours, le territoire d’Irumu a enregistré au moins 45 morts civiles lors d’attaques attribuées aux Forces démocratiques alliées (ADF). Ces assauts répétés sur l’axe Komanda-Luna ont entraîné des conséquences catastrophiques sur l’éducation. Entre janvier et février, 78 écoles ont fermé dans les zones de Fataki et Drodro, privant près de 30 000 enfants d’enseignement. Cette paralysie du système éducatif aggrave la vulnérabilité des jeunes générations.
La situation dans l’Ituri voisine rappelle tragiquement celle du Sud-Kivu, où les combats entre le M23 et l’armée congolaise provoquent également des déplacements massifs. Tandis que la communauté internationale se focalise sur cette crise, le drame silencieux des déplacés de Djugu s’intensifie. Les attaques en Ituri créent un cercle vicieux : plus les violences augmentent, plus les déplacements s’accélèrent, surchargeant les infrastructures existantes. Les centres de santé et les points d’eau sont désormais saturés.
Le conflit armé dans l’Ituri montre des signes inquiétants de chronicisation. Les groupes armés ciblent systématiquement les sites de déplacés, pourtant censés offrir un refuge. Cette stratégie de terreur vise-elle à vider des zones stratégiques ? La réponse humanitaire reste insuffisante face à l’ampleur des besoins. Avec la fermeture des écoles et la destruction des moyens de subsistance, toute une région sombre dans la précarité. Le rapport OCHA sonne l’alarme : sans action urgente, la crise pourrait devenir ingérable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
