Dans un mouvement stratégique pour renforcer son attractivité minière, la République Démocratique du Congo a scellé jeudi 17 juillet un partenariat décisif avec la société américaine Kobold Metals. Présidée par le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi, la cérémonie de signature engage les deux parties dans un accord de principe à triple dimension : numérisation du patrimoine géologique national, déploiement de technologies de pointe et développement du gisement de lithium de Manono, situé dans la province du Tanganyika.
Concrétisé par le ministre des Mines Kizito Pakabomba et le directeur général de Kobold Metals RDC Benjamin Katabuka, cet accord ouvre un nouveau chapitre dans les relations économiques entre Kinshasa et Washington. « Cette porte ouverte par le gouvernement congolais aux investissements américains devrait catalyser d’autres engagements des États-Unis en RDC », a déclaré M. Katabuka, soulignant l’alignement de cette initiative sur les accords bilatéraux pour la paix et la prospérité. Le secteur minier congolais, pilier essentiel représentant près de 30% du PIB national, pourrait ainsi connaître une transformation structurelle.
L’opération s’articule autour de trois piliers fondamentaux. Premièrement, Kobold Metals investira dans la numérisation des immenses réserves de données géologiques congolaises – un trésor jusqu’ici sous-exploité. « La RDC dispose d’un capital informationnel unique mais fragmenté, comparable à une bibliothèque dont les ouvrages seraient dispersés », a expliqué le dirigeant, précisant que cette mise en valeur numérique permettra de « démocratiser l’accès aux informations minières pour attirer les investisseurs internationaux ». Deuxièmement, le déploiement de technologies avancées comme l’intelligence artificière optimisera l’exploration, réduisant les délais d’identification des gisements de 30% selon les estimations sectorielles.
Troisièmement, l’accord prévoit le développement concret du projet lithium de Manono, un site stratégique dans la course mondiale aux batteries électriques. Avec des réserves estimées à 400 millions de tonnes d’ore, ce gisement pourrait positionner la RDC comme fournisseur clé dans la transition énergétique mondiale. Le Tanganyika, province hôte du projet, verrait ainsi émerger un pôle industriel intégré, combinant extraction et valorisation locale.
Au-delà des aspects techniques, Kobold Metals s’engage à créer un impact socio-économique tangible : formation professionnelle accrue, embauche prioritaire de Congolais et participation aux infrastructures locales. « Notre objectif est d’ancrer la valeur ajoutée sur le territoire congolais », a insisté Benjamin Katabuka, évoquant des modèles de rémunération équitables. La société prévoit de déposer prochainement des demandes de permis de recherche sur de vastes étendues, utilisant des méthodes d’exploration spatiale américaines.
Quelles retombées concrètes la RDC peut-elle escompter ? Outre les redevances minières, cet accord pourrait générer une augmentation de 15% des investissements directs étrangers dans le secteur minier congolais d’ici 2026 selon les projections économiques. La numérisation des données – véritable colonne vertébrale du projet – servira de levier pour attirer d’autres opérateurs majeurs, transformant le sous-sol congolais en portefeuille d’opportunités quantifiables. Reste à savoir si ce partenariat saura éviter les écueils traditionnels de la gouvernance minière congolaise. Le lithium, qualifié d’« or blanc » du XXIe siècle, deviendra-t-il le fer de lance d’une industrialisation inclusive ou reproduira-t-il les asymétries historiques ? La réponse dépendra de la vigilance dans l’exécution contractuelle et du contrôle des avancées technologiques promises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net