Dans le territoire de Bulungu, province du Kwilu, une crise administrative silencieuse entrave l’exercice des droits civiques fondamentaux. Des centaines de citoyens se heurtent à des obstacles insurmontables pour obtenir des duplicatas de leurs cartes d’électeurs, document indispensable tant pour les prochaines élections territoriales en RDC que pour diverses démarches civiles. Cette situation alarmante pousse la société civile d’Imbongo à tirer la sonnette d’alarme face à l’éloignement des services de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Les témoignages recueillis révèlent un véritable calvaire logistique et financier. « Pour un simple duplicata, les habitants doivent débourser entre 30 000 et 50 000 francs congolais uniquement pour le transport jusqu’au chef-lieu provincial, explique Jeannot Inkubi, président de la société civile locale. Pire encore, une fois sur place, ils subissent des attentes interminables de trois à quatre jours. » Comment exercer ses droits civiques quand les formalités administratives deviennent un parcours d’obstacles ?
Les risques physiques s’ajoutent aux difficultés financières. M. Inkubi rapporte un incident tragique survenu récemment : une femme tentant de rejoindre le bureau de la CENI a été victime d’un grave accident de moto, subissant des fractures multiples. Cet événement dramatique souligne l’urgence de rapprocher les services électoraux des populations rurales enclavées. La société civile d’Imbongo presse donc la commission électorale indépendante d’établir des bureaux secondaires à travers le territoire de Bulungu.
Interpellée par ces préoccupations, Delphine Ntanga, cheffe d’antenne de la CENI à Bulungu, reconnaît la légitimité des revendications. « L’ouverture de bureaux relais figurait effectivement dans notre plan initial, confirme-t-elle. Malheureusement, ce projet n’a pu être concrétisé en raison de contraintes budgétaires. » Face à cette impasse, elle promet cependant d’« alerter sa hiérarchie pour qu’une solution rapide soit trouvée ».
Cette problématique des duplicatas de cartes d’électeurs à Bulungu dépasse la simple difficulté administrative. Elle met en lumière des disparités territoriales criantes dans l’accès aux services électoraux, question fondamentale à l’approche des scrutins locaux. La centralisation des services de la CENI au chef-lieu exclut de facto les citoyens les plus vulnérables, créant une fracture démocratique entre zones urbaines et rurales. Le cas du Kwilu illustre ainsi un défi majeur pour l’organisation des futures élections territoriales en RDC : comment garantir l’inclusion électorale dans les régions reculées ?
Alors que la société civile d’Imbongo maintient la pression, l’efficacité de la réponse institutionnelle sera scrutée. La crédibilité des processus électoraux dans cette région dépendra largement de la capacité de la commission électorale indépendante à adapter ses structures aux réalités géographiques congolaises. Cette situation pose inévitablement la question plus large de l’équité d’accès aux droits civiques sur l’ensemble du territoire national.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net