Quel avenir pour l’éducation en République Démocratique du Congo ? La question se pose alors que 1,6 million d’élèves viennent de débuter le Test National de Sélection et d’Orientation Scolaire et Professionnelle (TENASOSP). Parmi eux, une révolution silencieuse : 749 157 filles représentant 47% des candidats, soit 26 264 de plus qu’en 2024. Un progrès salué par la ministre Raïssa Malu lors du lancement officiel ce jeudi, mais qui cache des défis persistants.
Dans son allocution percutante, la ministre a martelé un message clair aux jeunes filles congolaises : « Osez les filières scientifiques et techniques ! » Un appel à briser les barrières invisibles dans un pays où seulement 28% des étudiants en ingénierie sont des femmes selon les derniers chiffres du ministère. « Ne laissez pas les stéréotypes dicter votre destin », a-t-elle insisté, soulignant l’urgence pour la RDC de former davantage d’ingénieures, de chercheuses et de développeuses. Des compétences cruciales alors que le pays fait face à des défis technologiques et infrastructurels majeurs.
« Le Congo a besoin de vos talents dans les laboratoires comme sur les chantiers. Ces domaines ne sont pas réservés aux hommes mais à celles et ceux qui osent rêver grand », a déclaré Raïssa Malu, provoquant une ovation dans la salle.
Pourtant, derrière cette dynamique positive se cache une réalité plus nuancée. La ministre a révélé une baisse globale des inscriptions en 2024, rappelant que l’accès équitable à l’éducation reste un combat quotidien. Comment expliquer que près de 15% des adolescents congolais en âge de passer le TENASOSP en soient encore exclus ? La réponse réside dans la mobilisation de tous : enseignants, communautés locales, et surtout parents. « Ne cantonnez pas vos filles à des chemins préétablis », a lancé Raïssa Malu aux familles, plaidant pour une éducation qui révèle tous les potentiels.
Autre symbole fort : la participation des élèves des zones sous occupation. Malgré les conflits persistants dans l’Est du pays, des milliers de jeunes ont pu composer, démontrant une résilience qui force l’admiration. Une jeune candidate de Goma, rencontrée par notre rédaction, confie : « Même sans cahiers neufs, on veut montrer qu’on compte. La ministre a raison : l’avenir se construit avec des calculatrices et des microscopes, pas seulement avec des casseroles. »
Le TENASOSP 2025 dépasse donc la simple évaluation. Il devient un baromètre des ambitions nationales. Si les résultats influenceront l’orientation scolaire des élèves vers les universités et centres techniques, ils révèleront aussi si la société congolaise est prête à saisir sa transition scientifique. Pour Raïssa Malu, l’enjeu est clair : transformer l’essai de la parité numérique en leadership féminin dans les filières d’avenir. Un pari dont dépendra la capacité du pays à relever ses défis de développement. Et si la clé de l’émergence congolaise se trouvait dans ces salles d’examen où des milliers de filles tracent aujourd’hui leur avenir à la pointe de leur stylo ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd