Dans les coulisses feutrées de Doha, un subtil jeu d’équilibre diplomatique se déploie alors que le Qatar tente de relancer les pourparlers paix RDC M23. Le ministre d’État qatari aux Affaires intérieures, Cheikh Abdulaziz ben Faisal Al Thani, a mené mercredi des entretiens séparés avec Jacquemain Shabani Lukoo (RDC) et Vincent Biruta (Rwanda), illustrant la complexité de cette médiation Qatar conflit est Congo. Une approche en miroir qui interroge : cette fragmentation des discussions sert-elle la transparence ou révèle-t-elle les fractures persistantes ?
Ces échanges bilatéraux, officiellement consacrés à la “coopération sécuritaire”, surviennent alors qu’une délégation congolaise conduite par le Haut-Représentant Sumbu Sita Mambu affronte, dans le cadre des négociations Doha RDC Rwanda, les représentants du M23 menés par Benjamin Bonimpa. Le Qatar, hôte impartial mais ambitieux, joue ici un rôle d’architecte invisible, tentant d’agencer les pièces d’un puzzle régional dont les contours échappent encore aux observateurs. Peut-on véritablement dissocier les discussions techniques des enjeux géopolitiques sous-jacents ?
L’Union africaine, partenaire incontournable de ce processus, observe avec vigilance ces manœuvres. Les déclarations laconiques publiées sur le compte X du ministère qatari évoquent un renforcement des “mécanismes de travail conjoint”, formule aussi évasive que révélatrice des limites de la médiation Qatar conflit est Congo. Derrière ce vernis protocolaire, se cachent des dossiers épineux : le calendrier de retrait des combattants M23, le contrôle des zones minières stratégiques, et surtout – l’éléphant dans la pièce – le rôle réel de Kigali dans ce conflit. Vincent Biruta, ministre rwandais présent à Doha, joue-t-il un rôle de facilitateur ou d’acteur indirect ?
Cette nouvelle séquence des pourparlers paix RDC M23 s’inscrit dans une course contre la montre. Les populations de l’Est congolais, otages d’un conflit qui s’éternise, attendent des preuves tangibles. Pourtant, les précédents rounds de négociations Doha RDC Rwanda ont achoppé sur l’épineuse question de l’intégration politique des rebelles. Benjamin Bonimpa, chef de la délégation M23, réclame des garanties constitutionnelles tandis que Kinshasa exige un désarmement préalable sans compromis. Le Qatar parviendra-t-il à imposer sa méthode : des petits pas pragmatiques plutôt que de grandioses déclarations d’intention ?
L’enjeu dépasse la signature d’un simple accord paix AFC/M23. C’est la crédibilité même du processus paix est RDC qui se joue dans les salons climatisés de la capitale qatarie. Si les parties échouent à produire un texte contraignant avant la fin juillet, le risque est réel de voir ressurgir les hostilités dans le Kivu. Le gouvernement congolais, sous pression domestique, pourrait alors durcir sa position, réduisant à néant des mois de laborieux efforts diplomatiques. Le Qatar, qui mise sur cette médiation pour assoir son influence en Afrique centrale, peut-il se permettre un échec ?
Alors que les délégations poursuivent leurs tractations dans un huis-clos médiatiquement contrôlé, une question demeure : cette troisième médiation internationale en dix-huit mois apportera-t-elle enfin la paix tant promise ou ne sera-t-elle qu’un nouvel épisode dans le cycle infernal des conflits à l’Est ? La réponse se niche peut-être dans la capacité des acteurs régionaux à transcender leurs intérêts immédiats pour embrasser une vision commune de stabilité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net