Le coup de sifflet initial a retenti, mais la partie dérape en terrain politique. Les récents contrats de sponsoring liant la République Démocratique du Congo à trois géants du football européen – FC Barcelone, AC Milan et AS Monaco – transforment le terrain sportif en arène politique. Un match explosif où s’affrontent vision gouvernementale et critiques acerbes.
D’un côté, Kinshasa justifie ces alliances par une stratégie de soft power censée booster l’image internationale du “Cœur de l’Afrique”. Promotion touristique, formation de jeunes talents locaux, visibilité planétaire : le gouvernement y voit un pari gagnant-gagnant. Mais ce ballon diplomatique prend une trajectoire imprévue. Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD Fédération Benelux) contre-attaque violemment, qualifiant ces accords de “marché des dupes” et de “kleptocratie footballistique”.
Dans une missive incendiaire adressée aux dirigeants des clubs, l’opposition kabiliste réclame la résiliation immédiate. Leur argument choc ? Ces contrats football RDC constitueraient un “esclavage moderne” où “les pauvres empiffrent les riches”. Comment justifier 100 millions d’euros annuels dépensés en maillots sponsorisés quand 84% des Congolais survivent au chômage ? Quand des millions de déplacés errent dans l’est du pays ? Quand les fonctionnaires crient famine ? Le PPRD tire à boulets rouges : “Vouloir singer le Qatar sans en avoir les moyens, c’est se gargariser pour son propre plaisir !”
Le détail des contrats alimente la polémique. Le pacte phare avec le FC Barcelone – 43 millions d’euros sur quatre ans – promet bien une vitrine : logo “RDC Cœur de l’Afrique” sur les maillots d’entraînement, visibilité au Camp Nou, et quatre stages annuels pour 50 joueurs locaux. Mais l’opposition ricane : “Le nom du pays est illisible sur les maillots ! C’est un hold-up marketing.” Pire : un premier virement de 10 millions d’euros aurait déjà quitté les caisses congolaises. Un penalty en pleine lucarne des priorités nationales ?
Le gouvernement campe sur ses positions. Ces partenariats avec des clubs européens seraient un investissement, pas un cadeau. Une façon de positionner la RDC sur l’échiquier mondial par le vecteur universel du ballon rond. Mais le PPRD retourne la stratégie comme un gant : “Comment croire au développement quand nos enfants étudient dans la boue sans même recevoir des bulletins scolaires ?” La passe décisive vers le soft power ressemblerait-elle à une fuite en avant ?
L’enjeu dépasse désormais le pré carré congolais. Le PPRD met en garde les clubs : leur réputation pourrait être entachée par ces collaborations avec un “régime dictatorial”. Un carton rouge médiatique les guetterait-ils ? Le ballon est dans le camp européen. Accepteront-ils de résilier ces contrats qualifiés de “léonins” ou joueront-ils les prolongations malgré la tempête politique ? Un match à suspense où l’image de la RDC et la crédibilité des géants du foot se jouent en contre-attaque.
La question brûle toutes les lèvres : ces millions investis dans le sponsoring sportif serviront-ils réellement le peuple congolais ou resteront-ils un coup de communication éphémère ? Alors que le Barça s’apprête à arborer le logo congolais dans son stade rénové en août, la polémique, elle, n’attendra pas la mi-temps pour envahir le débat public. Le temps additionnel s’annonce houleux.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd