Dans un jeu d’échecs institutionnel aussi soudain qu’énigmatique, le vice-gouverneur Martin Kazembe a été propulsé à la tête du Haut-Katanga par un télégramme vice-ministre coutumier signé Jean Baptiste Ndeze. Ce document officiel, daté de mercredi, invoque avec une laconique sobriété « l’indisponibilité » du gouverneur Jacques Kyabula, déclenchant mécaniquement l’intérim Haut-Katanga confié à son second. Une transition administrative qui masque mal les turbulences politiques secouant cette province minière stratégique.
Les circonstances entourant cette passation de pouvoir improvisée alimentent toutes les spéculations. Convoqué d’urgence à Kinshasa, Jacques Kyabula indisponible n’a pu honorer ce déplacement impératif, ses proches évoquant subitement des raisons de santé. Pourtant, le flou persiste outrageusement sur les motifs réels de cette convocation gouverneur Kinshasa émanant des hautes sphères du pouvoir. Le gouvernement central, par une discrétion troublante, refuse de préciser si cette convocation relevait d’un simple briefing technique ou d’une mise en examen déguisée.
L’arrivée de Martin Kazembe aux commandes de la province ne saurait dès lors être réduite à une formalité technique. Quel équilibre des forces ce changement introduit-il dans la gouvernance locale ? Le nouvel intérimaire, désormais chargé de piloter l’économie minière du cuivre et du cobalt, hérite d’un dossier brûlant entre stabilité régionale et tensions fiscales avec les multinationales extractives. Sa légitimité, puisant sa source dans un télégramme ministériel plutôt que dans les urnes, pourrait être contestée par des barons locaux en quête d’influence.
L’opacité entourant l’absence prolongée de Kyabula soulève des questions plus fondamentales sur les méthodes de Kinshasa dans la gestion des gouverneurs provinciaux. Cette convocation gouverneur Kinshasa suivie d’une indisponibilité soudaine rappelle fâcheusement d’autres scénarios où des responsables fédéraux ont été « convoqués pour consultations » avant de disparaître durablement de l’espace public. Le pouvoir central joue-t-il à un dangereux poker avec les équilibres territoriaux ?
Les prochains jours s’annoncent décisifs pour décrypter cette crise feutrée. L’état de santé réel de Kyabula, la durée de l’intérim de Kazembe et surtout la révélation des véritables motifs de la convocation constitueront autant de tests pour la transparence gouvernementale. Dans cette attente, le Haut-Katanga retient son souffle, conscient que cette transition d’apparence technique pourrait réécrire durablement les rapports de force entre la province et le pouvoir central. La stabilité de cette région vitale pour l’économie congolaise en dépend.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net