Dans un contexte sécuritaire volatile, la visite terrain du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Évariste Kakule Somo, à Kasindi ce mardi 15 juillet 2025, révèle une tentative de réponse aux urgences économiques et sociales qui minent cette région frontalière. Cette descente stratégique, centrée sur les préoccupations des populations locales, souligne le double défi que représente la revitalisation d’infrastructures cruciales et la gestion des conflits territoriaux.
Au cœur des échanges avec les habitants, la relance des travaux de la route Kasindi-Beni s’impose comme un impératif économique incontournable. Cet axe vital, dont l’arrêt paralyse les échanges transfrontaliers et asphyxie le commerce local, cristallise les attentes d’une population exsangue. « Je suis venu ici principalement pour parler avec la population et recueillir leurs avis sur la relance de la route », a affirmé le gouverneur Nord-Kivu, reconnaissant implicitement l’échec des initiatives précédentes. La demande d’aménagement d’un collecteur hydraulique face aux pluies diluviennes ajoute une dimension technique à ce dossier brûlant, révélatrice des négligences accumulées.
L’autre volet explosif abordé concerne les parc Virunga tensions autour du quartier Congo ya Sika, où la proximité avec l’aire protégée génère des frictions récurrentes entre riverains et gestionnaires du parc. Le général Kakule Somo a évoqué la mise en place d’une commission coexistence, issue d’un forum antérieur à Beni, chargée de formuler des « propositions à transmettre au niveau national ». Mais cette médiation institutionnelle suffira-t-elle à apaiser les rancœurs ? La mécanique bureaucratique, si elle offre un exutoire politique, risque de buter sur l’impatience populaire face aux spoliations réelles ou perçues.
Cette visite Kasindi sécurité économique et sociale, bien que saluée par les habitants, interroge sur la capacité des autorités à transformer les diagnostics en remèdes tangibles. Le gouverneur Nord-Kivu joue ici une partition délicate : relancer un chantier routier dont les retards alimentent le discrédit de l’État tout en arbitrant un conflit foncier aux implications environnementales sensibles. La route Kasindi-Beni, artère économique stratégique, devient le symbole d’une reconstruction encore virtuelle, tandis que la commission sur le parc Virunga apparaît comme un exercice d’équilibriste entre préservation écologique et droits des communautés.
Quelles garanties que ces annonces ne rejoignent le cimetière des promesses non tenues ? Si la méthode participative adoptée par le gouverneur Nord-Kivu contraste avec les pratiques autoritaires habituelles, l’efficacité réelle de cette démarche reste suspendue aux arbitrages nationaux et aux financements disponibles. Les prochaines semaines seront déterminantes : la publication des recommandations de la commission coexistence et le déblocage effectif des travaux routiers serviront de test décisif pour la crédibilité du gouvernorat. En filigrane, c’est la capacité de l’État à rétablir sa présence utile dans des zones en déshérence qui se joue à travers ces dossiers. La population de Kasindi, suspendue entre espoir et défiance, attend désormais des actes qui dépassent le théâtre des consultations.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net